Souvent associée au Poitou, la Vienne est une terre rurale allant des bords de Loire aux confins du Limousin. Pays de l’art roman, le département a su entrer dans le XXIe siècle sans renier son patrimoine historique, religieux et architectural. Une douceur de vivre émane de cette région où de beaux parcours ont pris racine depuis une trentaine d’années. Promenade entre coteaux et vallées ligérienne, pictave et rochelaise au gré de jolis tracés, de belles tables et de visites culturellement riches.
Par Claude Granveaud-Vallat
Inutile de remonter à Charles Martel pour évoquer Poitiers dans l’inconscient collectif tricolore ! En créant le Futuroscope en 1987 – plus de quarante millions de visiteurs en trente ans ! -, René Monory, ancien ministre de l’industrie puis de l’économie, a fait décoller la notoriété de la Vienne et de Poitiers. Pragmatique, plein de bon sens, cet homme forgé à la sueur de ses efforts a su anticiper les évolutions du XXIe siècle.
En créant le Futuroscope en 1987, René Monory a fait décoller la notoriété de la Vienne et de Poitiers
Et tout ça sans oublier la richesse patrimoniale de son département chéri, lui l’enfant de Loudun. Pas un village qui ne possède son château, sa maison forte, son abbaye ou son église romane à l’image de Chauvigny, Montmorillon, Loudun, La Roche-Posay et bien sûr Poitiers où les ruelles médiévales du cœur de ville s’accommodent des façades à pans de bois comme des volumes plus modernes, ouverts vers l’avenir.
Au cœur du parc de loisirs de Saint-Cyr où course à pied, baignade et sports nautiques font bon ménage entre Poitiers et Châtellerault, le golf du Haut-Poitou, partenaire du Réseau Golfy, a pris forme en 1987 – en même temps que le Futuroscope -, imaginé par l’Anglais Harold J. Baker sur 300 hectares autour du lac, sur un relief assez mouvementé. Montées, descentes, obstacles d’eau, dévers, greens pentus et rapides, étroitesse des mises en jeu, tout est réuni sur ce tracé pour en faire un véritable challenge.
Montées, descentes, obstacles d’eau, dévers… Tout est réuni sur ce tracé pour en faire un véritable challenge
Pour preuve, ce parcours a accueilli l’open éponyme durant treize ans, une épreuve inscrite au calendrier du Alps Tour pourvoyeuse de talents en herbe. Technique, physique, ce parcours a connu un petit lifting en 2009 lorsque Yves Bureau est intervenu pour remettre quelques greens à plat. Ils avaient tendance à pencher vers le lac, amusant mais vite lassant ! Dans la foulée, les bunkers ont été refaits. Construit sur deux niveaux, ce dessin change radicalement de physionomie entre les bords du lac et les bras du Clain, un affluent de la Vienne, et les trous en forêt où il faut viser juste entre les futaies pour assurer un score honorable. Posé dans un cirque arboré, le green du 9 sait se défendre, dernière étape avant la terrasse du club-house bienvenue avec les beaux jours. Le fumet de la fricassée de girolles, du jus de cuisson des cailles rôties et des côtes de cochon braisées au thym et romarin, sont bienvenus pour vous redonner le sourire et vous faire oublier quelques balles égarées… avec vue panoramique sur la campagne poitevine, une région ne manquant pas non plus d’arguments gastronomiques…
Jusque là, les curistes se contentaient de jouer au tennis, de se promener sur les quais de la Creuse, un affluent de la Vienne qui coule paisiblement sous les murs épais du donjon du Connétable, dernier vestige d’un château du XIe siècle. Pas de piège, pas de coup tordu sur ce dessin dû à Jean Garaïalde, une lisibilité simple sur un tracé accessible à tous. Une pièce d’eau de trois hectares – l’étang Pingault – borde les trous 4 et 14, amenant un peu de piment même si on peut regretter que cet obstacle ne soit pas plus impliqué dans le dessin. Sur la fin, le jeu devient plus viril, plus ludique. Avec au 14 un dogleg gauche suivi d’un aller-retour enchaînant un court par 4 en montée et un long par 3 et descente. Ces trois trous étant traversés par un petit ruisseau, il y a danger pour la carte !
La Creuse, un affluent de la Vienne
Avant d’aller se promener en ville et profiter des façades des belles villas, des établissements thermaux, de l’architecture des beaux hôtels comme Les Loges du Parc, des quais calmes, du charme suranné de cette ville tranquille ! Tout comme de Châtellerault à Chauvigny, du val de Gartempe à l’abbaye de Saint-Savin, des villages classés où le temps ne semble pas avoir de prise sur le tuffeau des maisons où une fillette de blanc de Loire attend toujours le chaland au frais !
Au nord du département, au plus près du Maine-et-Loire et de l’abbaye royale de Fontevraud – une cité monastique millénaire -, le golf de Roiffé-Loudun, partenaire du Réseau Golfy, profite d’un cadre hors du commun.
L’abbaye Royale de Fontevraud, une cité monastique millénaire
Une maison de correction transformée en golf, il fallait oser ! René Monory – encore lui – a porté le projet sur les 122 hectares du domaine Saint-Hilaire qui était jusqu’aux années soixante censé offrir une nouvelle chance à des gamins au caractère fort, venus user leur fond de culotte sur les bancs, en traînant les pieds. Confié à Hubert Chesneau, le tracé a pris forme sur un terrain plutôt plat avant d’être inauguré en 1985. Longtemps géré de travers, le golf s’est assoupi au point d’être appelé « la Belle endormie », un surnom qui en disait long sur l’enthousiasme général.
En janvier 2014, Pierre-Antoine Barbot et son épouse Marie-Astrid ont acheté le domaine sur un coup de cœur pour les pierres, pour cette région entre la Touraine et l‘Anjou où il fait bon vivre, pour toutes les opportunités de développement touristique qu’offrent les bords de Loire.
L’Alcôve, table désormais gastronomique du Domaine de Roiffé-Loudun
Un gros travail a été entrepris à tous les niveaux, sur le parcours où quelques touches de cosmétique ont vite égayé le tracé, sur les chambres où le confort spartiate ne correspondait pas forcément aux attentes des visiteurs, sur la table où le chef Anthony Vaillant a donné du volume à la carte de l’Alcôve, la table désormais gastronomique de ce resort tourné vers l’avenir.
Sur la dynamique de ce patrimoine sauvé d’une mort lente mais garantie, grâce à l’audace d’un homme ayant fait ses armes dans le tourisme outre-Atlantique. Des projets plein la tête, Pierre-Antoine n’en manque pas. Pour preuve, il a également racheté le golf de Saumur – partenaire du Réseau Golfy – un parcours de 9 trous dessiné par Stephen Quenouille et Tom Macauley en 1993 dans un cadre beaucoup plus vallonné que Roiffé – pour créer une dynamique entre deux sites -, entre deux parcours différents et complémentaires, entre deux départements, deux régions – faisant fi des clivages administratifs -, pour aller là encore dans le sens du loisir, du plaisir. Sur ces terres dédiées au monde équin, Cadre Noir oblige !, rares sont les prairies où ne paissent pas chevaux, juments et poulains.
Tout près de l’illustre Cadre Noir de l’Ecole Nationale d’Equitation, le golf de Saumur
Entre deux drives claqués, les hennissements ne tardent pas à nous rappeler la priorité de la cité ligérienne sur un tracé alternant les montées, les dévers, les doglegs et les piquets rouges et jaunes comme à l’approche du 7, un par 5 plongeant vers une pièce d’eau en jeu devant le green… Comme à Roiffé, des compétitions thématiques autour des produits régionaux comme l’asperge, les cèpes, la truffe sans oublier la vigne à l’automne, sont régulièrement organisées avec toujours la même intention de mettre en avant le travail local, une fierté qui dépasse largement le cadre des greens pour le plus grand plaisir de tous, producteurs, visiteurs, consommateurs… et golfeurs !
Pratique
Quelques sites Internet :
https://www.tourisme-vienne.com
http://www.lavienne86.fr
https://www.futuroscope.com
3 parcours à découvrir :
1 – Golf du Haut Poitou
Tél. : 05 49 62 53 62 – www.golfduhautpoitou.fr
2 – Golf de Roiffé Loudun
Tél. : 05 49 22 48 17 – www.domainederoiffe.fr
3 – Golf de Saumur
Tél. : 02 41 50 87 00 – www.golf-saumur.fr