Entre les vieux clubs d’inspiration britannique et les
réalisations plus modernes, l’Afrique du Sud ne manque pas de parcours. Autour
de Johannesburg, à Sun City comme à Leopard Creek, près du Kruger Park, le golf
est roi ! A une nuit d’avion de Paris, la destination ensoleillée est
aussi agréable que dépaysante.
Par Claude Granveaud-Vallat
Difficile d’imaginer en atterrissant au Tambo International Airport que Johannesburg se trouve en altitude… Et pourtant, la capitale économique sud-africaine est autour de 1800 mètres, sur un plateau qui s’étend au cœur du Gauteng, au nord vers Sun City, à l’est vers Pretoria et le Kruger Park, une réserve animalière de la taille de la Belgique, dans le Limpopo. Une altitude qui rend les nuits fraîches même en été – de novembre à février – et où l’air porte loin la balle sur les fairways, un avantage très flatteur pour les amateurs. Jo’burg regroupe une quinzaine de clubs, certains très imbriqués en ville, d’autres plus étendus à la périphérie d’une ville qui a pris ses aises depuis la découverte de l’or au XIXe siècle.
Au Nord-Est de la ville, dans un quartier résidentiel « middle class », loin des villas ostentatoires de Sandton, le Royal Johannesburg & Kensington Golf Club déploie ses 36 trous depuis 1890… Du moins pour les plus anciens, ceux du Johannesburg GC devenu Royal en 1931. La fusion avec Kensington ne date que de 1998, elle a offert un nouvel essor au club. Le West Course est le plus ancien, imaginé en 1909 par Laurie Waters, un pro sud-africain quatre fois vainqueur de son open national et ayant également dessiné le Durban CC au bord de l’océan Indien. Son tracé a évolué en 1929 sous la baguette d’un Britannique le Major Hotchkins qui a étoffé le dessin. Quant à l’East Championship Course, né en 1939 du talent de l’Anglais Robert Grimsdell venu fourbir ses armes sur ces terres australes, il a droit à tous les honneurs, hôte à 9 reprises du South African Open. Durant une dizaine d’années, le club a également accueilli sur ses 36 trous le Jo’burg Open, un tournoi affilié au Tour européen et au Sunshine Tour, le circuit d’Afrique australe.
Royal Johannesburg & Kensington Golf Club
Sur le terrain, les deux tracés se ressemblent même s’ils ne se mélangent pas, profitant de la même végétation, des mêmes essences. A la fin de l’été, les jacarandas en fleurs embellissent les fairways de mauve. Dans le cadre très vert du Linksfield Ridge arrosé par les bras de la rivière Jukskei, quelques trous sont bordés de petites pièces d’eau mais les principales difficultés proviennent du kikuyu, cette herbe africaine épaisse, dense, se refermant sur la balle dès qu’elle flirte avec le rough. Un gazon difficile à swinguer pour les Européens déjà affectés par la chaleur ! Les greens sont assez petits, les bunkers bien placés, le tout orchestré par le chant des oiseaux qui ont pris possession du site depuis fort longtemps. Au-delà du parcours, le club-house – vaste bâtisse rehaussée d’un clocheton en son centre – est aussi très apprécié des membres comme des visiteurs. Chacun y trouve sa place à table ou en terrasse le temps d’un verre. Donnant sur Fairway Avenue – ça ne s’invente pas ! -, ce club fait face à un autre golf, Huddle Park – public celui-là – disposant de 54 trous, c’est dire si la verdure est présente dans ce quartier à moins d’un quart d’heure du centre ville.
Royal Johannesburg & Kensington Golf Club
A environ un kilomètre à l’est du Royal en sortant de la ville, le Glendower Golf Club profite d’un cabre très arboré depuis 1935, une époque où quelques hommes d’affaires ont décidé de s’associer pour acheter une ferme et des terres pour y vivre leur passion à domicile.
L’Anglais Charles Hugh Alison a dessiné le tracé mis en forme par Andrew Tomsett, un pro sud-africain qui accordait beaucoup d’importance à la végétation. Une sorte d’écolo avant l’heure ! Sans doute une des raisons de la qualité actuelle de ce havre de verdure même si les greens, les bunkers et les pièces d’eau – en jeu sur 11 des 18 trous – ont été restaurés au cours des années 80. De 2014 à 2018, le club a accueilli le South African Open sans que les scores ne s’affolent, les birdies sont souvent restés dans les arbres à l’image de celui ornant le blason du club. Au début du XXIe siècle, c’est le club-house qui s’est refait une beauté, une opération réussie avec sa terrasse face au green du 18 et à une grande pièce d’eau bordée de palmiers.
Glendower Golf Club
L’an dernier, Glendower a reçu le premier tour du Pro-Am de l’Afrique du Sud, un événement pérennisé par Philippe Heuzé depuis bientôt vingt ans. A l’issue de cette journée, les joueurs étaient subjugués par cet arboretum urbain et l’entretien des gazons – là encore du kikuyu – alors que le soleil estival n’accordait aucun répit aux jardiniers. Souvent placé sur le podium des meilleurs parcours sud-africains, Glendower mérite amplement ces honneurs, la fierté de tout un club, des jardiniers, des caddies comme du directeur.
En s’éloignant de Johannesburg par le nord, la route vers Sun City dure environ deux heures, traversant des zones minières, industrielles, avant d’atteindre le Pilanesberg, la réserve naturelle ayant inspiré Sol Kerzner – un Sud-Africain d’origine russe impliqué dans l’hôtellerie à travers le monde – pour créer ce resort sorti de terre à la fin des années 70, alliant le sport aux jeux d’argent. A l’époque, le gouvernement sud-africain a profité des « bantoustan », une dizaine d’enclaves ethniques aux noms barbares – Bophutatswana, Transkei, Kwazulu, Ciskei… – disposant d’une législation plus tolérante aux quatre coins du pays. Une aubaine pour y créer des hôtels et des casinos mais aussi des golfs ! A Sun City, l’honneur est revenu à Gary Player de dessiner les parcours, d’abord le Gary Player Country Club en 1980 puis le Lost City Golf Club en 1993, en même temps que The Palace of The Lost City, un délire architectural mégalomaniaque inspiré par Le Livre de la Jungle et Les mines du roi Salomon… Un lieu impressionnant, avec des statues animalières géantes…, les éléphants de la salle à manger en imposent !
Aujourd’hui, le resort regroupe quatre hôtels, moult restaurants, tennis, piscines, salles de spectacles et des machines à sous à tous les étages, sans oublier bien sûr les tapis verts de roulette, black jack, poker pour toutes les bourses. Une ville sortie de la savane comme un champignon il y a quarante ans, ayant su s’adapter aux préoccupations d’aujourd’hui. Une immense volière, une ferme de crocodiles et une autre dédiée aux éléphants blessés par les braconniers et issus de toute l’Afrique australe ont vu le jour ces dernières années, en accord avec la sauvegarde animale, une prise de conscience récente mais bienvenue, surtout en Afrique.
Glendower Golf Club
Sur le terrain, le Gary Player GC – un parcours se jouant surtout à pied accompagné d’un caddie – profite des légers reliefs des contreforts du Pilanesberg pour déployer ses fairways. L’aller est assez large même si les immenses bunkers sont bien placés, les greens vastes et rapides et les roughs souvent hôtes d’antilopes imperturbables, habituées à voir passer des zombies poussant une petite balle… L’approche du 9 vers un green en île, au milieu des cascades dominées par l’hôtel éponyme, demande un peu de réflexion. Lors du Nedbank Challenge accueillant l’élite européenne chaque hiver, les pros attaquent souvent le green de ce par 5 en deux, avec un certain déchet… Pour les amateurs, la question se pose moins mais si, wedge en mains, l’eau demeure dangereuse. Le retour est plus technique tandis que la fatigue complique les choses. La mise en jeu du 17 au-dessus du lac où les skieurs nautiques s’en donnent à cœur joie est périlleuse, surtout des back-tees reculés à l’époque où Ernie Els dominait les débats sur ces terres lors du Million Dollar Golf Challenge, un tournoi sur invitation imaginé en 1981 avec un million au vainqueur !, un superbe outil marketing pour le resort et le pays même si certains champions se sont fait tirer l’oreille à l’époque… Dans un couloir entre le lac à gauche et le rough à droite, le drive du 18 doit être chirurgical et assez long. Le 2e coup survole l’eau au virage d’un dogleg gauche, vers un green torturé et cerné de profonds bunkers. Quelques balles n’ont jamais vu le green !
Gary Player GC
Sur le Lost City GC dominé à l’horizon par les tourelles du palace, le relief est beaucoup plus présent et le jeu – en voiturette – beaucoup plus target. Là encore, les animaux font partie du décor mais rares sont ceux osant s’approcher du 13 ! Et pour cause, des crocodiles vivent dans la fosse de ce par 3 depuis la création de ce parcours. Les panneaux le rappelant aux joueurs sont en évidence tant au départ en surplomb de ce trou qu’au plus près du danger, en arrivant sur le green. Heureusement, depuis 1993, aucun joueur n’a fini en pitance des sauriens ! Seules des centaines de balles sont venues perturber la quiétude de ces animaux d’apparence paisible.
Lost City GC
Au 18, le fairway remonte vers un club-house aux allures de grotte, dissimulé dans la végétation aride. Sa terrasse bienvenue le temps d’un verre après la partie et souvent envahie de ouistitis domine les greens du 9 et du 18. Sur les deux parcours, l’entretien est irréprochable, la main d’œuvre nombreuse et appliquée. Même si, sous certains aspects, le resort fait un peu factice, il y a moyen de bien s’amuser en séjournant à Sun City, les Sud-Africains venus de Johannesburg ou de Pretoria ne s’y trompent pas d’ailleurs, ils arrivent en masse pour le week-end, passant des greens aux tapis verts.
Lost City GC
Beaucoup plus sauvage et naturel, à environ 250 kilomètres à l’est de Johannesburg, le Leopard Creek Country Club a vu le jour en 1996 dans un méandre de la Crocodile River, séparant le resort du Kruger Park. Sur une réserve de chasse appartenant au Sud-Africain Johan Ruppert – propriétaire du groupe de luxe suisse Richemont (Cartier, Dunhill, Lancel…) -, Gary Player a dessiné un de ses meilleurs parcours. En pleine brousse, l’ancien champion sud-africain a eu carte blanche et un budget illimité pour laisser libre cours à son imagination sur 360 hectares de brousse vierge.
Jack Nicklaus s’est chargé de dessiner les greens, un choix de Ruppert qui voulait une touche américaine sur ses terres du bout du monde. Alors que de nombreux animaux se baladent sur le parcours, lorsque des félins sont repérés dans l’enceinte du resort, leur présence est signalée au club-house, en bientôt 25 ans aucun accident n’est survenu. Seul un joueur ayant envoyé sa balle trop près d’un crocodile somnolant près de la rivière, a perdu une main ! Pas de chance… Le tracé s’enchaîne très bien, joué exclusivement en voiturette, le meilleur moyen d’éloigner les animaux, à commencer par les petits singes intrépides.
Leopard Creek Country Club
Le retour est plus compliqué que l’aller, montant en puissance. Les petits roughs mettent les poignets à contribution, les greens cachent des pentes subtiles, le tout bénéficiant d’un entretien grand luxe. Le trou signature se découvre en drivant le 13, un par 5 de plus de 500 mètres, longeant la Crocodile River par la gauche. S’il est fréquent d’y voir les hippopotames joués dans l’eau alors que le soleil accable les joueurs et caddies, il n’y a aucun risque sur ce trou posé sur un plateau 32 mètres au-dessus de la rivière. La vue sur le Kruger Park et sa savane est impressionnante, saisissante tandis que les grands animaux se baladent en toute quiétude à l’horizon. L’arrivée du 18 avec son green en île est aussi surprenante. Pour qui connaît Taulane, Gary Player a reproduit le même esprit sur cette fin de parcours, seul un immense club-house au toit de chaume remplace le château provençal.

Ce trou, un par 5 en légère descente, offre un véritable challenge pour les pros lors de l’Alfred Dunhill Championship, tournoi du Tour européen hôte de ce magnifique resort depuis 2005. Même après un bon drive, il faut une bonne dose d’adrénaline pour oser tenter le green de deux. Combien de balles ont fini leur course dans l’eau… ? Un spectacle garanti pour le public qui ne s’y trompe pas, pariant sur la réussite de tel ou tel joueur… En décembre dernier, on a eu droit à 9 eagles en quatre jours mais beaucoup, beaucoup plus de double bogeys ! Quelque soit votre score, profiter de la terrasse le soir à l’heure où le soleil disparaît à l’horizon dans la dentelle des frondaisons, à l’heure où les barrissements, les rugissements donnent une autre dimension à ce lieu, est un must. Tout comme de s’offrir une ou deux journées de safari dans un des game lodges voisins, là où les rangers au volant de solides 4×4 sauront vous emmener au plus près des animaux tôt le matin, tard le soir, à l’heure où les « Big Five », les lions, les éléphants, les buffles, les léopards et les rhinocéros vont boire, chassent ou se prélassent en toute insouciance sur leurs terres nourricières…
Envie de jouer ces parcours ? Découvrez le séjour en Afrique du Sud proposé par Golfy et son partenaire Havas Voyages.
- 3 nuits en chambre double à The Palace of Lost City***** (Sun City)
- 4 nuits en hôtel 4* à Johannesburg 3 nuits en lodge 4* près du Parc National Kruger
- 5 green-fees sur les parcours de Lost City et Gary Player à Sun City, Glendower Golf Cub, Royal Johannesburg & Kensington Golf Club et Leopard Creek Golf Club
- Location de voiture pour 11 jours, prise et rendu à l’aéroport de Johannesburg
Pour en savoir plus ( Programme – Tarifs – Réservations) : Afrique du Sud : Golf et Découverte !