Au large du sud marocain, Madère fut découverte au XVe siècle par les Portugais. Mais ce n’est qu’en 1937 qu’un golf est né sur cette île volcanique. Aujourd’hui, avec trois parcours très variés, vivre sa passion sur l’archipel, entre Madère et Porto Santo – la petite voisine -, est agréable toute l’année !
Par Claude Granveaud-Vallat
Santo da Serra GC – En face, c’est New York…
La légende prétend qu’après avoir découvert l’île en 1418 les Portugais aient attisé un gigantesque incendie de forêt pour en dégager les collines volcaniques. D’où le nom de Madeira qui signifie bois en portugais ! Souvent surnommée « le jardin flottant » ou « l’île aux fleurs », Madère est une terre d’abondance dans la douceur Atlantique. En 1937, quelques familles de négociants anglais qui commerçaient le vin à travers l’empire britannique ont eu envie de retrouver leurs repères verts sur l’île. Le Santo da Serra Golf Club voyait le jour au-dessus de l’Océan avec 9 trous. Du parcours initial, Robert Trent Jones a triplé la mise en 1991, en reprenant tout le tracé, en changeant les graminées, en redessinant les bunkers et surtout en créant de vastes greens… Severiano Ballesteros les comparait à ceux d’Augusta, une référence qui en dit long sur leur qualité et leur vitesse ! Surtout les jours où la brise de mer s’invite sur le parcours, et ils sont fréquents.
Au gré d’un relief soutenu, avec quelques ravines bordées d’eucalyptus, à franchir au drive ou à l’approche, le dessin sait se défendre, à l’image de ces paysans portugais ayant immigré sur ce caillou pour gagner leur vie en produisant fruits et fleurs. Les marchés de Funchal, la capitale, en offrent de magnifiques étals, hauts en couleurs. Avec un climat d’une douceur agréable tout au long de l’année, on ne se lasse pas de ce parcours aux points de vue magnifiques, panoramiques tant vers la baie de Machico, la pointe Saint-Laurent et son vieux phare – repère au milieu des étocs – que vers les îles Desertas habitées des seuls phoques et d’oiseaux de mer surfant sur les courants ascendants dans des ballets incessants.
Dans un immense club-house surplombant la mer de sa belle terrasse ou derrière d’immenses baies vitrées bienvenues les jours de forte houle, le souvenir de Jean Van de Velde est indélébile des tablettes du club. En 2006, le Landais signait une carte de 65 lors du 2e tour du Madeira Island Open avant de s’imposer deux jours plus tard. Sans chercher à imiter la prestation de V2V – pas si simple -, on a toutes les chances de se faire plaisir sur un parcours qui ne manque pas d’air !
Santo da Serra Golf Club
9200-152 Santo da Serra Machico
Tél. : +351 291 559 100.
www.santodaserragolf.com
18 T Machico-Desertas, par 72, 6241 m.
9 T Serras, par 36, 2920 m.
Architectes : inconnu (1937), Robert Trent Jones (1991).
Palheiro Golf – En surplomb de Funchal
Sur la propriété de la famille Blandy – producteurs de vin de Madère depuis 1810 – où les rois du Portugal aimaient venir se reposer chez leurs richissimes amis britanniques, le Palheiro Golf a poussé en 1993, au milieu d’un écrin sylvestre. L’Américain Cabell Robinson qui avait assisté Robert Trent Jones deux ans plus tôt à Santo da Serra a dû tailler dans les futaies avant de visualiser ses fairways. Entre les pins, les eucalyptus et une multitude essences dont certaines endémiques, il a aussi composé avec le relief, là-haut en surplomb de Funchal, la capitale, et l’Océan.
Entre les dénivelés et la végétation généreuse, le parcours a vite acquis une patine qui lui va bien, le rend attrayant tant par la qualité de son entretien que par son environnement. Et pas question de s’ennuyer dès que l’on plante son tee… Entre les dévers, les trous aveugles, les grimpettes, les petits pars 3 en descente et des greens surélevés empêchant d’aller les chercher à la roulette, la variété des coups n’a d’égal que l’imagination à les réaliser ! Une petite combine pour apprivoiser les greens, ils penchent toujours vers la mer. Mieux vaut en tenir compte sur ses approches…
La densité urbaine, 500 mètres en contrebas, contraste avec la quiétude de ce club niché sur les hauteurs.
Et que dire de la Casa Velha do Palheiro, superbe demeure construite en 1804 pour le comte de Carvalhal avant d’accueillir la famille Blandy. Transformée en hôtel de charme en 1997 et gérée par Christina Blandy – la 8e génération -, elle arbore aujourd’hui l’estampille Relais & Châteaux au milieu des fairways. Un petit paradis, un havre de paix où la table servie dans un décor d’acajou allie les meilleurs millésimes de Madère aux plus beaux poissons pêchés le matin, remontés depuis le port de Funchal par la fameuse route du golf, un tortillon de lacets vertigineux surplombant l’Océan.
Palheiro Golf
Rua do Balancal 29
9060-414 Funchal
Tél. : +351 291 790 120.
www.palheirogolf.golf
18 T, par 72, 5859 m.
Architecte : Cabell B. Robinson (1993).
Porto Santo GC – Le vent de la dune
Quittant Madère par bateau – deux heures et demie de navigation, cap au nord-est -, Porto Santo est vite en vue mais le décor change radicalement entre la grande île escarpée et sa petite voisine érodée. Très minérale, elle paraît lunaire avec sa terre grise, ses falaises de basalte dentelé, quelques sommets pelés, quasi vierge de toute végétation… A l’exception d’une centaine d’hectares de verdure depuis une quinzaine d’années. Un coup de peinture dû au talent de Severiano Ballesteros et à une belle enveloppe remplie d’euros ! Sur ce terrain, la prise au vent est de tous les instants, il faut en tenir compte sur des fairways assez bienveillants à l’aller, se faufilant entre de vastes pièces d’eau, plus chaotiques au retour où, du 13 au 17, on joue avec la falaise. Un slice, un pull appuyé et la balle disparaît en contrebas, à tout jamais perdue dans le chaos rocheux. Inutile de se pencher…
Ces trous ont un petit air écossais, irlandais mêlant l’aridité grège des collines environnantes – culminant à 437 mètres – au vert céladon des gazons. Le champion espagnol s’est bien amusé en créant cette petite merveille dans un décor décoiffant qui réveille les neurones... Le parcours se fond dans le paysage, tout en minimisant l’impact environnemental là où, en 1492, Christophe Colomb faisait escale après avoir découvert l’Amérique !

De 1993 à 1996, puis de 2009 à 2011, le circuit européen a posé ses valises à Porto Santo lors du Madeira Island Open, un parcours n’ayant jamais permis à ses champions de signer des scores incroyables. Comme si la nature, la brise de mer, avait eu raison des velléités de l’élite européenne… Les humbles amateurs que nous sommes y verront avant tout un cadre original, un entretien manucuré, un plaisir partagé entre le jeu et la table proposée dans les murs d’un vaste club-house au style moderne, recouvert de pierre de lave et de bois. Assis en terrasse, face à l’Océan – prolongement du fairway du 18 -, on y écoute le silence. Un pur bonheur !
Porto Santo Golf Club
Sitio das Marinas
9400-162 Porto Santo
Tél. : +351 291 983 778.
www.portosantogolf.com
18 T, par 72, 6434 m.
Architecte : Severiano Ballesteros (1993).