À une nuit d’avion depuis l’Europe, le dépaysement est garanti en se posant sur la perle de l’océan Indien, l’île Maurice. Plage, soleil et golf, une recette très séduisante pour des vacances réussies de Belle Mare à Bel Ombre… Vaste programme !
Quelque peu perdue au milieu de l’océan Indien, tel un gros caillou fouetté par les vents et chauffé par le soleil, l’île Maurice n’a pas attendu les touristes en mal d’exotisme pour être envahie. Depuis cinq siècles, les Portugais, les Hollandais, les Français, les Anglais ont tous occupé l’île en escale sur la route des Indes ou plus récemment pour en exploiter la canne à sucre. Indépendante depuis 1968, l’île a connu la crise de la canne à la fin du XXe siècle. Le tourisme était le bienvenu pour redorer le blason de l’économie insulaire. Au début des années quatre-vingts, les hôtels commencèrent à pousser le long des plages. Les pieds dans l’eau, le rêve devenait réalité pour les touristes qui découvraient le pays. Plage et bronzette s’avèrent très agréables mais il fallait trouver autre chose pour inciter les Européens à fidéliser leur séjour. Sur une île qui connut la domination britannique durant plus de cent cinquante ans, le golf tombait sous le sens d’autant plus qu’à deux heures d’avion de Johannesbourg, les Sud-Africains pouvaient eux aussi se montrer séduits par la destination à une époque où il n’était pas toujours facile de profiter de ses vacances en toute quiétude à la maison. Depuis 1844, le Mauritius Gymkhana Golf Club existe sur les hauteurs de l’île, ce qui fait de l’île Maurice le quatrième pays du monde à avoir connu le golf après le Royaume Uni, l’Inde et l’Afrique du Sud. Trop loin des nouveaux hôtels, trop rustique, ce club privé à la végétation intense, alternant les bougainvilliers aux tulipiers du Gabon et aux flamboyants, ne dispose pas forcément des atours pour accueillir les touristes. Il est désormais très chic d’aller y passer une journée, une sorte de pèlerinage, un retour aux sources de St Andrews exportées au bout du monde…
Constance, le pionnier…
En 1976, le groupe Constance exploitant la canne à sucre commence à diversifier ses activités vers le tourisme et inaugure le Belle Mare Plage Resort, un hôtel posé sur la plage à l’est de l’île. Dix-huit ans plus tard, le groupe ouvre son premier golf, « The Legend » à cinq minutes à pied depuis la plage et les chambres, une idée géniale qui n’allait pas tarder à se savoir ! Un dessin signé d’un duo de Sud-Africains, le joueur pro Hugh Baiocchi et l’architecte Alan Barnard. Même si l’océan pourtant si proche n’est jamais en vue avant d’atteindre le départ du 17, un par 3 au bord du lagon, l’eau ne manque pas sur ce tracé. Elle est douce et provient de la rivière de Flacq qui prend ses aises dans son delta. Au-delà des nombreux piquets rouges et jaunes, elle permet d’arroser le parcours même lors des très fortes chaleurs estivales, à savoir en décembre !
Totalement plat, ce parcours se joue facilement à pied accompagné d’un caddie très utile pour anticiper les chutes de drives sur un tracé assez compliqué à première vue. Comme dit Sébastien Pilot, directeur du site : « Un parcours qu’il ne faut pas agresser » tandis que biches et cerfs s’aventurent sur les fairways en fin d’après-midi. Une harde d’environ 150 animaux qui nous rappelle que le parcours a été construit sur une ancienne réserve de chasse même si aujourd’hui c’est la chasse aux birdies qui est ouverte… À ce jeu-là, il n’est pas rare de rentrer bredouille ! Sauf bien sûr pour les légendes du Senior European Tour qui profitent depuis 2010 de ce cadre idyllique pour conclure leur saison sous les tropiques avec le Tour Championship.
Depuis 2002, le groupe Constance Hotels a doublé la mise en ouvrant « The Links » en retrait des plages, sur d’anciennes plantations, pour soulager le Legend qui saturait en haute saison. Ce dessin radicalement différent, beaucoup plus scénique parce que vallonné, est l’œuvre de l’Anglais Peter Alliss et de l’Américain Rodney Wright. Si le Legend est réservé aux clients des hôtels du groupe, le Belle Mare Plage et le Prince Maurice, le Links – construit sur de la pierre de lave concassée – est ouvert aux visiteurs et se joue exclusivement en voiturette gratuite pour fluidifier le rythme par fortes chaleurs. Entre les roches volcaniques, les flamboyants, les filaos, les contrastes sont saisissants et aident à comprendre le sens du jeu. Cela n’exclut pas les pièges tandis que, là aussi, quelques trous flirtent avec l’eau, histoire de se rafraîchir les idées… Les sommets de l’île à l’horizon sont autant de repères de jeu vers des greens très grands, très roulants, très bien entretenus à l’image des deux parcours où le contingent des jardiniers attaque la tonte avant le lever du soleil.

The Legend – Entre les flamboyants, les filaos et l’eau, le green du 14 du Links est très accueillant… à condition d’y arriver !
L’Île aux Cerfs, le challenge !
Face à l’hôtel Touessrok, l’Île aux Cerfs a perdu sa colonie de cervidés depuis longtemps déjà. Plutôt sauvage, ce bout de terre bordé d’eaux turquoise, version Technicolor des années 50, a vu pousser quelques trous de golf au début du XXIe siècle. Inspiré par le talent torturé du champion allemand Bernhard Langer, ce parcours entre mer et terre n’a pas tardé à s’offrir une réputation de challenge golfique. On traversait alors la planète pour se mesurer au monstre tant entre les coups aveugles, les pièces d’eau, la mangrove bordée de piquets rouges et les pauses photo le long des trous bordant la plage, le souvenir était impérissable même si on rentrait plus léger de quelques balles à chaque passage. À tel point que le pilote du bateau qui rejoint l’île depuis l’embarcadère de l’hôtel Touessrok en vend en prévision des dangers… Depuis le tracé a été adouci et avec le temps, les joueurs se sont habitués du moins ceux qui reviennent… L’environnement, le cadre, la végétation sont autant d’atouts à ce tracé qui vaut le détour à condition de le jouer à sa main sans chercher les miracles. Un parcours idéal pour une partie en match-play, une formule qui permet d’oublier rapidement un trou catastrophe tout en gardant espoir. Tout comme Bernhard Langer qui a toujours revendiqué sa foi, ici mieux vaut croire en Saint Andrews !

L’Ile aux Cerfs sur fond de montagne…
Anahita telle une déesse…
Benjamin des parcours mauriciens, Anahita n’a pas tardé à se forger une identité. Grâce au talent de son concepteur, l’illustre champion sud-africain Ernie Els, qui s’est fait plaisir dans ce cadre généreux. Entre les larges fairways, les greens aussi vastes que subtils, la variété du décor passant du bleu turquoise au vert émeraude en un instant, les points de vue sur l’océan qui apparaît neuf fois sans être forcément en jeu, le choix dans les départs – inutile de fanfaronner sur le tee -, Anahita est vite devenue la huitième merveille de l’île… Merveille golfique, bien entendu ! Le dessin alterne la végétation tropicale aux incursions marines, les trous en bord de mer à quelques pénétrations dans une savane que ne renie pas Ernie Els. D’un entretien impeccable, on mangerait sur l’herbe, le tracé est bourré de finesse et de subtilité. Les murets de pierres volcaniques recyclées en obstacle sur le 9 ou, plus loin, au milieu du 14, donnent l’impression d’avoir toujours été là tout comme la tortue géante, surveillant le green du 9 depuis son enclos, qui aurait pu connaître Napoléon Ier. Au hasard du parcours, un vendeur de « rôtis », ces petites crêpes fourrées aux achards légèrement relevés (!), peut booster un swing en deux bouchées… pour une poignée de roupies. Beaucoup plus sophistiquée, la carte du restaurant, face au green du 18 et au lagon, ne manque d’arguments pour ravir les papilles !

Le 4 de l’Anahita, au plus près de l’océan…
L’ombre du château
À Bel Ombre, depuis plus de cent ans, la réserve de chasse traversait la forêt pour descendre jusqu’à la mer offrant une vue imprenable sur l’océan aux animaux traqués comme aux chasseurs qui s’arrêtaient souvent le temps d’une pause casse-croûte au Château, cette belle demeure dominant désormais le fairway du 7. Cette maison coloniale a donné son nom au golf éponyme qui a vu le jour en 2005 après que Peter Matkovitch, l’architecte sud-africain en vogue dans l’océan Indien, ait dompté ces vallons, ces dévers, ces étangs et bras d’eau coulant jusqu’à la plage, pour créer les 18 trous de Bel Ombre. Un parcours où l’on voit la mer de tous les trous mais encore mieux depuis les départs du 4 et du 15, les points culminants du terrain. Avec beaucoup d’eau comme la rivière des Citronniers serpentant le long des fairways ou les traversant comme sur le 6 et le 7, et de beaux étangs à l’approche du club-house dans la partie plate du terrain, le dessin est assez compliqué même si les fairways sont larges, bien tracés, souples sous les fers. Sur l’aller, les trous sont assez courts, c’est le moment d’engranger des points. Sur le retour, dans le creux de la rivière, ils deviennent vite étroits, vallonnés, boisés et surtout beaucoup plus techniques à l’image du 17, un par 4 en dévers à droite avec des ravines et un green en plateau avec une forte prise au vent de la mer. De quoi s’amuser avant de rejoindre la terrasse du club-house pour goûter la pêche du jour : capitaine, sacré chien, gueule pavée, espadon, bonite… au gré des hameçons ! Bonne partie et bon appétit…

Pour finir en beauté sur le 18 de Bel Ombre…
Par Claude Granveaud-Vallat
Havas Voyages vous propose un séjour 8 jours / 7 nuits à l’Ile Maurice à l’hôtel Ambre, avec green-fees sur l’Anahita et l’Ile aux Cerfs.
Pour en savoir plus, cliquez ici