Plus ancien tournoi au monde, sa première édition eut lieu en 1860, The Open fait rêver tous les champions qui aspirent à soulever The Claret Jug, la fameuse aiguière d’argent.
Même si le championnat a évolué dans le vent et les brumes britanniques, l’émotion est toujours là, dans le coeur du vainqueur comme d’un public connaisseur et toujours plus nombreux.
À voir l’émotion qui envahit Zach Johnson en juillet dernier alors que l’Américain venait de remporter The Open, on comprend mieux ce que représente une victoire au British Open.
Plus rien ne ressemble à la première édition disputée à Prestwick le 17 octobre 1860 avec seulement huit joueurs pros au départ. Ce jour-là, l’Écossais Willie Park remportait « The Challenge Belt », une ceinture de cuir rouge ornée d’une boucle en argent, en devançant Old Tom Morris de deux coups. Le trophée « moderne », The Claret Jug, est apparu en 1873 après que Young Tom Morris ait remporté le tournoi trois années de suite et conservé la ceinture à vie. Elle trône aujourd’hui au musée du Golf de Saint Andrews.
En 1892, le tournoi est passé à 72 trous qui allaient devenir le format référant. Deux ans plus tard, il quittait l’Écosse pour la première fois pour se poser sur la côte anglaise du Kent, au Royal St George’s Golf Club. En 1898, face à l’engouement international, un cut était instauré. Le 21 juin 1907, sur le Royal Liverpool GC, le Français Arnaud Massy – le premier non-Britannique – s’imposait face au fameux « Triumvirat » composé de Harry Vardon, James Braid et John Henry Taylor, 16 victoires dans le tournoi à eux trois en vingt ans… Cette victoire était alors récompensée d’une prime de 50 Livres sterling. Rien à voir avec les gains actuels mais une coquette somme assortie d’une reconnaissance éternelle sur les îles britanniques.
Après la Première guerre mondiale, les Américains commencèrent à truster les victoires avec deux phénomènes, tout d’abord Walter Hagen, le beau gosse – collectionneur de belle femmes – vainqueur en 1922, 24, 28 et 29, et l’amateur Bobby Jones qui s’imposa en 1926, 27 et 30, année où il signa son Grand Chelem (US Amateurs, US Open, British Amateurs, The Open) avant de se retirer. Après la Seconde guerre mondiale, le tournoi s’essoufflait.
Face à un calendrier mal coordonné en été, les Américains rechignaient à traverser l’Atlantique jusqu’à la victoire de Ben Hogan en 1953 à Carnoustie. Laissé pour mort suite à un accident de voiture quatre ans plus tôt, Hogan a ému le monde entier en remportant le Masters, l’US Open et le British cette année-là. À la même époque, la BBC commença à retransmettre le tournoi en direct, une médiatisation bienvenue avant l’avènement hégémonique des Américains Palmer, Nicklaus et du Sud-Africain Player. Sept victoires à eux trois en une quinzaine d’années…
À la fin des années 70, Tom Watson allait se mêler à la lutte, s’imposant à cinq reprises (1975, 77, 80, 82 et 83). Sa victoire à Turnberry en 1977 dans un duel homérique avec Jack Nicklaus est restée gravée au panthéon du Golf. Mais en 2009 lorsque sur le 18 de Turnberry, Gentle Tom, à 59 ans, a un putt pour s’imposer une 6e fois, c’est toute la dramaturgie du tournoi qui opère. Envahi par l’émotion puis battu par Stewart Cink en playoff, Watson avouera plus tard avoir tapé ce jour-là le putt le plus pourri de sa vie ! Des champions comme l’Anglais Nick Faldo, l’Espagnol Seve Ballesteros, l’Australien Greg Norman ont eux aussi connu la gloire du British. En 1999, le Français Jean Van de Velde s’est fait remarquer en allant patauger dans le Barry Burn de Carnoustie, laissant échapper sur le dernier trou un trophée qui lui tendait les bras. Éternels regrets ! En 2002, Thomas Levet soulevait Ernie Els au terme d’un play-off où le Sud-Africain avait eu raison des espoirs du Français.
Au cours des années 2000, Tiger Woods a laissé son empreinte sur le British Open comme sur tous les Majeurs auxquels il participait. Vainqueur en 2000, 2005 et 2006 juste après le décès de son père, il a lui aussi fondu en sanglots une fois le putt victorieux dans la boite !
Récemment, Phil Mickelson, Padraig Harrington et Rory McIlroy ont aussi inscrit leur nom sur ce trophée qui résume bien l’Histoire du Golf depuis un siècle et demi. Même si certains comme Langer, Montgomerie ou Garcia pour ne citer qu’eux, manquent à l’appel des « Open champions », invités jusqu’à l’âge de 65 ans à vibrer sur les neuf parcours écossais et anglais validés à tour de rôle par le Royal & Ancient, l’autorité suprême installée à Saint Andrews. http://www.theopen.com/
Par Claude Granveaud-Vallat