Cactus, terres rocailleuses semées de tâches de verdure miraculeusement arrosées, l’Arizona offre de beaux espaces sauvages à ses golfs. Avec un climat agréable d’octobre à avril, l’état de l’ouest américain est une belle destination exotique là où les cowboys ont raccroché les pistolets, cédant la place aux balles blanches…
Par Claude Granveaud-Vallat
Après une dizaine d’heures d’avion depuis l’Europe jusqu’à Phoenix, mieux vaut commencer en douceur, le temps de digérer le décalage horaire et les variations de température. L’Arizona revendique plus de 320 jours de soleil par an. Face à l’imposante façade austère de l’hôtel Westin, se poser au Kierland Golf Club pour un premier contact avec Scottsdale est une bonne idée. Avec ses 27 trous serpentant entre les villas, alternant vallonnements, pièces d’eau, immenses bunkers et greens torturés, le tout créé par l’imagination débordante de Scott Miller – un architecte local -, ce resort est une réussite. Par où commencer ? Ironwood course, Acacia course ou Mesquite course, trois 9 trous qui s’accordent à merveille dans le plus pur esprit « target golf ». Même si les fairways sont larges, les pièges sont nombreux, à commencer par les 300 bunkers bien positionnés. La perspective entre l’eau et les bunkers du green du 7 d’Acacia est la signature de ce parcours, tout comme l’arrivée du 9, un par 5 sans fin bordé par un lac dès le deuxième coup. Ce jeune parcours n’a pas tardé à trouver sa place parmi la cinquantaine de terrains entre Phoenix et Scottsdale.
Kierland Golf Club
www.kierlandgolf.com
27 trous, architecte : Scott Miller.
Ironwood, par 36, 2861 m.
Acacia, par 36, 2842 m.
Mesquite, par 36, 2845 m.
Aux portes du désert de Sonora, sur fond de McDowell Mountain, le Grayhawk Golf Club offre un décor en accord avec les cartes postales du Grand Ouest américain. Avec ses 36 trous, les Talon et Raptor courses dessinés par Tom Fazio et David Graham, tout est conçu pour visualiser le dessin, semer le doute dans l’esprit du joueur tout en l’imprégnant d’images indélébiles. Rien n’est laissé au hasard, surtout pas la qualité du gazon des fairways où on aurait envie de se déchausser pour marcher. L’herbe est douce, dense, d’un beau vert qui en dit long sur les tonnes d’eau servant à l’arrosage. Le contraste entre la verdure et les terres arides des sommets demeure un atout de ces parcours aux noms venus d’une autre époque. Pas celle du Far West et de la ruée vers l’or, pas celle des conquistadors, pas non plus celle des civilisations précolombiennes mais celle – il y a quelques millions d’années – où les dinosaures et d’énormes sauriens habitaient ces plaines alors verdoyantes. Des fossiles de ces animaux impressionnants ont été retrouvés sur le site lors de la construction du golf.

Grayhawk Golf Club
http://grayhawkgolf.com
36 trous, architectes : Tom Fazio et David Graham.
Raptor, par 72, 6421 m.
Talon, par 72, 6275 m.
Dans un environnement surréaliste mêlant la verdure des fairways bordés d’énormes villas très stylisées, très graphiques, confortables avec piscine privée, au décor de montagne dominé par Pinnacle Peak, Troon North Golf Club a élu domicile. Propriété de la société Troon Golf qui gère l’entretien de nombreux parcours à travers le monde, ces 36 trous sont la vitrine de l’entreprise. Au départ, Tom Weiskopf, un illustre champion – vainqueur du British Open 1973 – s’est associé à Jay Morrish, un architecte spécialiste des terres arides pour créer Monument course en 1990. Six ans plus tard, Weiskpof a dessiné, seul, Pinnacle course avant de mixer les deux tracés en 2007 pour rendre l’ergonomie du jeu plus agréable et permettre aux plus courageux de jouer à pied tandis que quelques sangliers se promènent en toute quiétude dans la caillasse. Dès l’accueil, la perfection est de mise, café, fontaines de jus de fruits, profusion de voiturettes prêtes à partir à l’assaut des fairways, tees, relève-pitch, crayons logotés et carnets de parcours à volonté, cinq aires de départ sur chaque trou, drapeaux avec réflecteur pour capter le faisceau des télémètres, tout est pensé pour rendre le souvenir indélébile… D’immenses blocs de pierre, parfois en équilibre instable, veillent sur les greens où putter est un bonheur une fois lue la ligne. Au fil du jeu, on ne peut qu’apprécier la qualité de l’entretien, l’image de marque d’une entreprise capable de reproduire ces critères sur tous les continents et sous toutes les latitudes. Seuls les immenses cactus saguaro qui attirent les balles sur chaque mise en jeu hasardeuse nous rappellent à l’environnement désertique de l’Arizona.

Troon North Golf Club
www.troonnorthgolf.com
36 trous, architectes : Tom Weiskopf et Jay Morrish.
Pinnacle, par 71, 5971 m.
Monument, par 72, 6045 m.
En prenant la route vers le sud et la frontière mexicaine, les noms s’hispanisent sur les panneaux routiers avant de rejoindre Tucson à une heure depuis Phoenix. À l’ouest de la ville, le Starr Pass Country Club profite du dénivelé naturel des collines dominant la ville pour évoluer au milieu, là encore, de somptueuses villas tandis que l’hôtel Marriott domine le Roadrunner course de sa douzaine d’étages. Inauguré en 2009, ce resort dessiné par Arnold Palmer dispose de trois 9 trous, le Rattler (serpent à sonnettes), le Roadrunner (faisan du désert) et le Coyote, des animaux qui ont leurs habitudes sur ces terres. Ici pas question de jouer à pied tant le relief est escarpé, le dessin a pris ses aises. Entre les cactus, les lits de rivière asséchés, quelques dévers, des fairways étroits et des trous tordus, le carnet de parcours n’est pas du luxe pour anticiper du bon côté des trous… Séjourner à l’hôtel est idéal pour profiter d’un départ matinal ou refaire 9 trous en fin d’après-midi à l’heure où le soleil rend la végétation encore plus graphique en étirant les ombres des cactus…

Starr Pass
www.jwmarriottstarrpass.com
27 trous, architecte : Arnold Palmer.
Rattler, par 36, 3019 m.
Roadrunner, par 35, 2774 m.
Coyote, par 36, 3052 m.
Personne n’a oublié le spectacle assuré par Victor Dubuisson frôlant les cactus sans trop s’y piquer lors du Accenture Match Play Championship en février 2014 sur le parcours de Dove Mountain. Surprenant tout son monde, le jeune Français avait gravi les marches jusqu’à la finale perdue à la nuit contre l’Australien Jason Day. En playoff et à deux reprises, il a inventé des coups joués dans les épines et les cailloux, là où la raison pousse au drop… ou à la résignation ! Ce magnifique resort de Dove Mountain, une œuvre signée Jack Nicklaus dans une forêt de cactus, dans un environnement hostile où le vert des fairways jure sur le beige poussiéreux des collines, dépasse la simple architecture de parcours. Le soir lorsque le soleil irise les cactus de lumière et que les ombres des bunkers rendent le sable encore plus blanc, les trous ressemblent à des tableaux hyperréalistes que n’aurait pas reniés Edward Hopper. Construit en trois fois 9 trous, Saguaro, Tortolita et Wild Burro, ce resort inauguré en 2009 prend encore une autre dimension lorsqu’en hiver les greens sont givrés au petit matin. Les couleurs deviennent alors irréelles tandis que quelques cerfs se lovent à l’abri d’un bunker avant de voir débarquer les hordes de joueurs impatients d’en découdre… Face à cette féerie, pas question de modération, on ne se lasse pas du désert !

Golf Club at Dove Mountain
http://dovemountain.com
27 trous, architecte : Jack Nicklaus.
Saguaro, par 36, 3300 m.
Tortolita, par 35, 3285 m.
Wild Burro, par 36, 3014 m.