Baigné de soleil, quelque peu venté, le Portugal ne manque pas d’arguments pour recevoir les golfeurs le long de la côte Atlantique. Si l’Algarve se revendique comme le pays du golf, Lisbonne recèle quelques émeraudes entre les pins et les dunes. Autour d’une ville au charme historique, les parcours foisonnent, anciens comme plus récents mais toujours accueillants même si les tarifs sont soutenus.
Par Claude Granveaud-Vallat
Estoril, l’historique
Si le Golf do Estoril fait figure d’ancêtre dans un environnement de verdure sorti de terre après la révolution des œillets de 1974, il nous rappelle que les Anglais ont su imposer leur sport favori dès la fin des années 20 aux Lusitaniens. Hôte à plusieurs reprises de l’Open du Portugal, le parcours d’Estoril – la station balnéaire chic de Lisbonne – a vu le jour en 1929 sous les traits du Français Jean Gassiat avant que l’Écossais Philip Mackenzie Ross n’en reprenne les contours en 1945. Bien qu’assez confidentiel, le golf venait de poser ses jalons au Portugal. Sur un terrain vallonné, planté de pins, d’eucalyptus et de massifs fleuris, le tracé assez court domine l’océan vers de petits greens rendant le score compliqué. Derrière les murs blancs d’une grande bâtisse d’inspiration coloniale se cache un délicieux club-house. Entre les boiseries d’acajou, les tentures de velours, les canapés de cuir, les tables dressées à l’heure des repas, règne une ambiance surannée liant la rigueur britannique à l’emphase des terres du Sud, un mélange tellement agréable.

Le Club House du Golf do Estoril, bâtisse d’inspiration coloniale
Penha Longa, l’Atlantico
Quelque peu en retrait des plages et de la côte déchiquetée par les vents et les vagues, le Penha Longa Golf Resort a lancé la nouvelle vague des resorts luxueux autour de la capitale lusitanienne au début des années 90. Autour des vestiges de pierre d’un ancien aqueduc, Robert Trent Jones Jr a trouvé l’inspiration entre les pins et les collines pour poser ses fairways avec harmonie. Montées, descentes, dévers, vastes greens protégés par de grands bunkers – la marque de fabrique « maison » -, la panoplie est complète pour offrir un joli challenge esthétique et sportif à celui qui se hasarde à partir du fond ! Comme par hasard, le passage le plus délicat se négocie sur le retour, du 14 au 16, lorsque le joueur commence à plier l’échine sous le soleil et les bourrasques de vent venues de l’Atlantique en rafales. Une fois le dernier putt enquillé, le resort n’a pas fini de vous surprendre. Un peu gigantesque aux yeux de certains, il demeure très agréable pour se baigner, se faire masser et dorloter, se reposer, bien manger… Le tout à proximité du site de Sintra et du Palacio Nacional da Pena, un château exubérant d’où les points de vue sont magnifiques sur toute la région et l’Océan.

Le Penha Longa Golf Resort, autour des vestiges de pierre d’un ancien aqueduc
Oitavos Dunes, entre tradition familiale et modernité
D’origine française, Carlos Montes Champalimaud achète des hectares de dunes sauvages autour du village de Caiscais au début du XXe siècle. Dès les années vingt, il fait construire de sublimes villas très appréciées des Lisboètes qui y viennent en villégiature. Un siècle plus tard, en 2001, l’Américain Arthur Hills dessine un superbe parcours au gré des mamelons dunaires balayés par le vent depuis toujours. Avec vue sur l’Océan depuis tous les trous, Oitavos Dunes n’a pas tardé à séduire les joueurs européens venant profiter des charmes du Portugal. Toujours dans la famille, c’est aujourd’hui Miguel Champalimaud – petit-fils de l’illustre visionnaire – qui veille sur la tradition séculaire tout en apportant la modernité à l’entretien de ce terrain. Si le dessin suit la topographie sans artifice, le départ du 9 naturellement surélevé permet de voir jusqu’au Cabo da Roca, le point le plus à l’ouest d’Europe continentale. Par respect de la nature, il est recommandé de jouer à pied sur un tracé où les reliefs sont modérés. Les fairways sont assez larges dès que l’on pose son tee sur les départs avancés, les greens sont bien défendus à l’image de celui du 14 où le survol d’un petit canyon vaut bien des obstacles d’eau… Depuis 2010, l’hôtel The Oitavos, magnifique architecture moderne de 140 suites, complète le resort face à la mer.

L’hôtel du Oitavos Dunes Golf Club , magnifique architecture moderne de 140 suites
Praia d’el Rey, enfin un links…
Si tous les parcours autour de Caiscais sentent la mer, il faut monter vers Peniche, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Lisbonne, pour jouer un véritable links au plus près des vagues. Le long d’une plage de sable fin et de dunes sauvages, l’Américain Cabell Robinson n’a eu aucun mal à poser son dessin. A croire que les ondulations millénaires n’attendaient que greens et fairways pour se sentir vivre. On retrouve un petit air de Chiberta sur un dessin serpentant entre la plage et s’insérant dans la pinède au plus près de somptueuses villas spacieuses, le jeu étant rythmé par les cris des mouettes, admiratrices des swings fluides. Signature du parcours, aux dires de son auteur, le retour est une merveille. Surtout du 13 au 15, là où le jeu flirte au plus près avec les embruns, seul le bruit des rouleaux se brisant sur la grève vient perturber le silence du jeu. Reprenant un peu de hauteur sur les derniers trous, il est temps de profiter une dernière fois de cet environnement aussi beau que naturel depuis la terrasse du club-house ou de l’hôtel en prenant un verre ou en dégustant un ceviche, délicieuse salade de poisson relevée d’un jus de citron épicé.

Praia d’el Rey, un véritable links au plus près des vagues
Royal Obidos, en souvenir de Severiano
Le champion espagnol n’aura pas connu son dernier parcours terminé. La maladie a emporté Severiano Ballesteros quelques mois avant l’inauguration du Royal Obidos en 2012. En entrant dans le club-house ultra moderne, un mur d’images nous rappelle les exploits de Seve. Dessiné sur les flancs de deux collines, ce parcours est assez « target » entre les pièces d’eau bordées de cascades comme sur le 12, un dogleg compliqué ! Le lagon d’Obidos est en vue à l’horizon des fairways tandis que le vent du large secoue les mats des drapeaux comme les tuteurs des jeunes plantations penchant toutes dans le même sens. A un quart d’heure de Praia d’el Rey, ce tracé pour le moins physique – il est préférable de le jouer en voiturette – offre une belle alternative à la douceur des fairways côtiers.

Le Royal Obidos golf Club, dessiné sur les flancs de deux collines
Bom Sucesso, la quadrature des greens
Dans le prolongement de Praia d’el Rey et du Royal Obidos, Bom Sucesso vient compléter la trilogie des parcours côtiers au nord de Lisbonne. Ouvert en 2008, ce tracé signé Donald Steel s’intègre à merveille dans un environnement immobilier des plus originaux. Un enchaînement de villas cubiques, mitoyennes tout en offrant beaucoup d’intimité, construites en escaliers sur les collines dominant l’Océan à l’horizon, sert de décor aux fairways et greens. A moins que ce ne soit le contraire, que la verdure est agréable en ouvrant ses fenêtres… Sur un relief soutenu par moments, le dessin enchaîne quelques doglegs où il serait tentant de couper les virages. Attention toutefois aux illusions d’optique accentuées par les villas qui peuvent perturber sur les premiers trous. Sur quelques greens, l’architecte a cherché à reproduire cet effet géométrique avec des surfaces tondues ras et carrées. Aussi inhabituel qu’original mais sans grand intérêt ludique ! Les derniers trous reprennent de la hauteur tandis que la terrasse du club-house est un endroit stratégique pour apprécier les approches vers le green du 18, un rafraîchissement à la main.

Le golf de Bom Sucesso s’intègre à merveille dans un environnement immobilier des plus originaux
À voir à Lisbonne
Lisbonne, cette capitale deux fois millénaire construite à flanc de colline le long du Tage, offre un charme fou entre ses monuments classiques, ses ruelles pavées, son funiculaire, ses petits restaurants et bien sûr la vue sur le fleuve et l’Atlantique à l’horizon. Entre le monastère de Jéronimos et la tour de Belém, une pause à la pâtisserie « Pasteis de Bélem » s’impose. Cette boutique datant de 1837 fabrique chaque jour plus de 6000 pasteis de nata. Les Lisboètes sont friands de ces petits flans crémeux dans une pâte feuilletée au beurre salé servis tièdes avec de la cannelle et du sucre glace… et un petit café ! En remontant vers le très animé Bairro alto (quartier haut) dans un vieux tramway jaune, vous découvrirez des façades couvertes d’azulejos (céramiques bleues racontant des histoires) avant de croiser quelques bars à fado où l’âme portugaise s’exprime en chansons. A moins que vous ne préfériez rejoindre le Brasileira, un café littéraire faisant face à la statue du poète Fernando Pessoa. Flâner dans ces petites rues est un plaisir comme dans les grands parcs des beaux quartiers avant d’aller dîner dans un des nombreux restaurants installés dans les anciens entrepôts, sur les quais du Tage.
Quelques contacts…
Golf do Estoril
Tél. : +351 214 680 176
www.palacioestorilhotel.com
Penha Longa Golf Resort
Tél. : +351 219 249 031
www.penhalonga.com
Oitavos Dunes
Tél. : +351 214 860 600
www.oitavosdunes.pt
Praia d’El Rey
Tél. : +351 262 905 005
www.praia-del-rey.com
Royal Obidos Spa & Golf Resort
Tél. : +351 262 965 220
www.royalobidos.com
Bom Sucesso Golf
Tél. : +351 262 965 300
www.bomsucesso.net
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