C’est un lieu commun que de dire que le swing et d’une manière plus générale, le golf est à 90% mental. Rien de ce que nous faisons physiquement n’est pas sous le contrôle de notre cerveau. Mais voilà, notre fonctionnement cérébral n’est pas complètement conscient, ce qui nous laisse parfois croire que tout n’est pas sous notre contrôle. Erreur, tout dépend de nous et de notre capacité à conscientiser nos pensées les plus inconscientes !
L’empanmnésique
Un des fondateurs de la psychologie cognitive, Georges A.Miller affirmait dès 1956 que le nombre maximal d’informations qu’un être humain pouvait traiter de manière consciente et simultanément était de 7 +/- 2. On appelle ça l’empan mnésique. Notre perception simultanée est donc très limitée et lorsqu’on considère le nombre et la complexité des paramètres du jeu de golf on peut alors logiquement s’attendre à atteindre rapidement nos limites, voire les dépasser !
C’est ainsi qu’on pense à son stance et qu’on oublie son grip, qu’on tente de contrôler l’orientation de la face de son club lors du backswing mais qu’on délaisse le tempo pire qu’on relève la tête plus rapidement qu’il n’aurait fallu… et c’est alors la catastrophe !
La limitation de notre empan mnésique nous impose donc une limite dans la mentalisation de notre swing. Impossible de penser à tout en même temps ! Alors, que faire ? Cesser de penser, vous dirait un Sage ou un Maître Zen. C’est, paraît-il, ce qu’on parvient à faire après de longues années de pratique de la méditation. Est-ce bien raisonnable si l’objectif est uniquement de bien jouer au golf ? L’autre solution est de faire confiance à la partie non consciente de nos fonctionnements mentaux.
Conscient et inconscient
Après tout, lorsque nous conduisons notre voiture pour nous rendre au travail n’est-ce pas ce que nous faisons déjà ? Conduire une voiture est, comme jouer au golf, une activité qui nécessite le traitement d’un grand nombre d’opérations simultanées. Avec la pratique, nous le faisons en écoutant la radio ou en échangeant des informations avec nos passagers. Embrayer, accélérer, mettre le clignotant, regarder le rétroviseur, nous faisons tout cela sans y penser simplement parce que nous avons longuement pratiqué la conduite. Notre cerveau peut alors traiter de façon non consciente toutes ces informations et c’est de cette façon que nous devrions jouer au golf, sans y penser !
Notre inconscient sait parfaitement gérer les différents paramètres du jeu. Il a en mémoire, ce que nous avons déjà réussi et sait parfaitement le reproduire. Dans la réalité tout se passe comme si notre conscient, voulant contrôler la situation, traite les informations sans faire confiance à l’inconscient. Une véritable antinomie dont nos résultats sont les principales victimes !
Tant pis !
C’est dans la phase de préparation que se situent les premiers symptômes de ce conflit entre conscient et inconscient.
C’est lors de la phase de routine que tout se joue. Vous avez choisi votre club, visé votre cible et vous êtes prêt à faire votre swing. Si à ce moment là une sensation vient gâcher votre préparation et que vous vous dites «bah, tant pis, on y va quand même», arrêtez tout ! 
Ce «tant pis» est l’indicateur que quelque chose ne va pas. Votre inconscient vous adresse alors des messages – sensations, tensions, stress – que vous commentez par cette expression. «Tant pis» signifie alors que vous ne voulez pas prendre en compte ces signaux de votre inconscient, que vous les minimisez et que vous tentez de les dénier. Erreur, votre inconscient, lui, est capable de traiter les centaines d’informations du contexte dans lequel vous vous trouvez. Sa mémoire est infaillible et il sait que vous allez échouer.
Et le futur me direz vous ?
Eh bien c’est la même chose, le futur est bien souvent caché dans la représentation du résultat du coup qu’on est en train de jouer ! Lorsque vous êtes à l’adresse et que vous imaginez déjà l’endroit où va atterrir votre balle, vous êtes déjà dans le futur et cette représentation, ainsi que toutes les sensations qui en découlent, vous empêchent d’être au présent !
Car il ne faut pas confondre l’objectif et le résultat. L’objectif, c’est la définition du coup à jouer, position de la balle, stance, club, swing, force et direction de frappe. Le résultat est au futur. C’est imaginer où va aller la balle et comment sera le coup suivant.
Il est essentiel de comprendre et de pratiquer cette différence car elle est source de confusion pour le cerveau, et il n’y a rien de mieux pour louper un coup facile !
Alors que faire ?
La bonne attitude est alors de s’écouter et de stopper votre routine immédiatement. Prenez du recul et demandez-vous ce qui ne va pas. Avez-vous pris le bon club ? Est-ce la bonne stratégie de jeu ? Avez-vous le niveau technique pour atteindre la cible que vous avez défini ? Votre objectif est-il clair et précis ?
Êtes-vous assez présent au présent ?
Prenez alors quelques bonnes inspirations et recommencez votre routine. Si aucun signal et si aucun «tant pis» ne vient la troubler, lâchez-vous et swinguez.
Conclusion
Rien n’est plus important que de s’écouter et de se faire confiance. Nous sommes parfois notre meilleur adversaire alors que nous devrions toujours être attentifs à être notre meilleur ami. Prenez soin de vous et à très bientôt !
Par Pierre Arthapignet