Programmé en mai, l’USPGA Championship s’est disputé en août, à huit-clos, des chamboulements liés à la crise sanitaire qui n’ont pas trop déboussolé les leaders… Jusqu’à voir passer Collin Morikawa comme une fusée sur les derniers trous d’Harding Park. A 23 ans, ce Californien remporte son premier Majeur, une victoire acquise avec talent et élégance. Dans le camp français, longtemps aux avant-postes, Mike Lorenzo-Vera termine 43e tandis que, pour son premier Majeur, Victor Perez partage la 22e place. Benjamin Hébert a raté le cut.
Par Claude Granveaud-Vallat
Qui de Koepka, Johnson, DeChambeau, Spieth, Thomas… allait fracasser Harding Park, ce parcours public, bientôt centenaire, dessiné aux portes de San Francisco ? Une fois de plus, même si les aléas d’un calendrier perturbé ont pu avoir une incidence sur l’état de forme des joueurs, le parcours a fait mieux que se défendre. N’en déplaise à tous ceux qui voudraient réglementer les conditions de jeu face à des apports de puissance liés à la musculature des champions mais aussi aux progrès de la technologie…
Dès le premier tour, un Chinois pointait en haut du classement, Haotong Li enchaînait deux cartes de 67 et 65 pour virer en tête au soir du cut. Dans son sillage, Mike Lorenzo-Vera faisait bien mieux que se défendre, le Français qui reprenait là la compétition rivalisait sans vergogne avec les meilleurs, ceux qui tenaient la cote chez les parieurs. Malheureusement tant pour Li que pour MLV, le week-end allait s’avérer moins fructueux. Peut-être en manque de rythme, peut-être rattrapé par l’enjeu, Mike voyait son grand jeu se déliter au fil des trous. La qualité du rough californien allait faire son effet sur les approches qui trouvaient moins facilement les greens… Dans le même temps, Victor Perez qui disputait là son premier Majeur voyait son jeu s’améliorer de jour en jour. Il est vrai que le Tarbais était aux États-Unis depuis déjà quelques semaines, il avait eu le temps de s’adapter au PGA Tour. Suite à trois cartes négatives, il parvenait à se hisser à la 22e place, un résultat en accord avec ses performances du début de saison, avant la crise sanitaire.
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Dimanche matin, Dustin Johnson était en tête. Allait-il faire la loi sur le parcours, matant la meute à ses trousses ? Rien n’était moins sûr d’autant qu’une dizaine de joueurs se tenait en moins de cinq coups. Dans des conditions de jeu très agréables, loin des chaleurs européennes du moment, le vent ayant chuté sur la côte Pacifique, les birdies tombaient des arbres, venant se poser sur les greens. A ce jeu-là, le jeune Collin Morikawa, un garçon qui arborait encore le titre de meilleur amateur du monde il y a deux ans, allait s’empresser de mettre le feu au leaderboard. Après deux birdies à l’aller, un autre sur le 10, il allait enchaîner un chip-in sur le 14 pour un nouveau birdie, avant d’attaquer le green du 16, un court par 4, pour poser la balle à deux mètres du trou. Malgré le silence d’un huit-clos, cet eagle allait résonner jusqu’au Golden Gate, peut-être même jusqu’à Los Angeles, la ville natale de ce garçon aux origines japonaises. En dernière partie, Dustin Johnson ne pouvait revenir sur les talons de Collin. Ses deux birdies du 16 et du 18 allaient lui permettre de partager la 2e place avec Paul Casey. A 47 ans, l’Anglais faisait figure de dinosaure face à tous ces jeunes joueurs pétris de talent. Tout comme Tiger Woods, qui après avoir passé le cut ric-rac, terminait sa semaine californienne sur une note plus gaie, son putting ayant retrouvé la bonne voie.
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Collin Morikawa pouvait avoir le sourire en soulevant le Wanamaker Trophy, à tel point qu’il en faisait tomber le couvercle. Cette victoire acquise lors de sa 2e année pro, lors de sa 2e participation à un Majeur (US Open 2019 + USPGA 2020), lui permet de monter sur la 5e marche du classement mondial. Il y a fort à parier que son ascension ne s’arrête pas là. La fin de saison d’un calendrier chamboulé devrait encore voir évoluer ce classement où il n’y a plus de patron ! L’US Open programmé du 17 au 20 septembre, près de New York, et le Masters (12-15 nov.) qui découvrira les automnes géorgiens pour la première fois depuis sa création en 1934, devraient nous garder en haleine encore quelques nuits…
Victor Perez sera au départ de ces deux rendez-vous majeurs. Paul Barjon qui évolue avec une certaine réussite sur le Korn Ferry Rour (2e div. américaine) s’est qualifié pour l’US Open. En Europe, les 10 premiers du UK Swing, ce mini circuit de six tournois disputés en Grande-Bretagne, se verront invités également à l’US Open. Pour l’instant Mathieu Pavon et Antoine Rozner sont un peu loin, mais une belle performance au Pays de Galles (2 tournois de suite au Celtic Manor) pourrait leur ouvrir les portes de l’US Open. A suivre d’ici la fin août…
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USPGA Champ’ 2020, Harding Park, par 71
1 | Morikawa C. | USA | 69+69+65+64=267 | -13 |
2 | Johnson D. | USA | 69+67+65+68=269 | -11 |
| Casey P. | Eng | 68+67+68+66=269 | -11 |
4 | DeChambeau | USA | 68+70+66+66=270 | -10 |
| Wolff M. | USA | 69+68+68+65=270 | -10 |
| Day J. | Aus | 65+69+70+66=270 | -10 |
| Finau T. | USA | 67+70+67+66=270 | -10 |
| Scheffler S. | USA | 66+71+65+68=270 | -10 |
22 | Pérez | Fra | 70+69+69+68=276 | -4 |
43 | Lorenzo-Vera | Fra | 66+68+72+74=280 | 0 |
Cut | Hébert | Fra | 75+71=146 | MC |