A 26 ans, l’Espagnol Jon Rahm décroche son premier Majeur, en remportant l’US Open grâce, entre autres, à deux putts magnifiques sur les derniers trous. Dans la lignée des Ballesteros, Olazabal, Garcia, Jon Rahm inaugure là un palmarès digne des plus grands, il est d’ailleurs repassé N°1 mondial à l’occasion. Quant aux Français Victor Perez et Paul Barjon, le cut leur a été fatal, une nouvelle fois.
Par Claude Granveaud-Vallat, photos USGA.
Deux semaines plus tôt, dépisté positif au Covid 19, Jon Rahm abandonnait le Memorial Tournament alors qu’il était largement en tête dans l’Ohio, sur les terres de Jack Nicklaus. Une grosse déception pour l’Espagnol qui respectait le protocole, se mettait au vert, se soignait, se reposait en espérant pouvoir être de retour pour l’US Open. « Je suis resté positif, je ne savais pas où cela me mènerait… J’ai pu sortir assez vite du protocole sanitaire, je savais que le meilleur était à venir. » Bien lui en a pris !
Tandis qu’une petite brise aérait les fairways de Torrey Pines, qu’un ciel couvert enveloppait la côte Pacifique au nord de San Diego, Jon Rahm retrouvait le sourire en soulevant le trophée de l’US Open, une gamelle remportée de haute lutte sur un parcours qui lui est cher. C’est là qu’en 2017 il remportait le Farmers Invitational, sa première victoire sur le PGA Tour. C’est aussi là qu’en 2019 il demandait la main de Kelley Cahill – ils s’étaient connus à l’Arizona State University, lui golfeur encore amateur, elle lanceuse de javelot et joueuse de tennis dans les équipes universitaires. Depuis la belle blonde, originaire de l’Oregon, a donné naissance au petit Kela en avril dernier. De bonnes raisons d’apprécier ce magnifique parcours qui domine l’Océan… Mais de là à le maîtriser – à son habitude, l’USGA avait corsé l’affaire en laissant pousser les roughs autour des greens – tout en contenant les assauts d’une multitude de prétendants au titre, il y avait encore un pas de géant à franchir avant que le Basque ne décroche enfin un titre majeur.
Sur les premiers tours, quelques joueurs surprise pointaient en tête à l’image de l’Américain Russell Henley ou du Canadien Mackenzie Hughes, ils allaient finir respectivement 13e et 15e, pas mal pour des super outsiders !
Bryson DeChambeau
Mais, dimanche matin tandis que les parapentes virevoltaient au-dessus du parcours, des falaises, de l’Océan, les choses sérieuses allaient vite rentrer dans l’ordre, les favoris étaient bien là, à commencer par le tenant du titre, Bryson DeChambeau toujours fidèle à ses frappes surpuissantes et un petit jeu plein de finesse, à tel point que sur le 8, le par 3 le plus compliqué, il frôlait le trou-en-un d’un centimètre, après avoir propulsé un coup de wedge à 175 yards… Mais son double bogey sur le 13 puis un quadruple au 17 le reléguaient dans l’anonymat du peloton, très loin de son meilleur ennemi Brooks Koepka.
Les falaises du dogleg du 17 allaient s’avérer fatales également pour le Sud-Africain Louis Oosthuizen. Vainqueur du British Open 2010, « Mister 57 » – un surnom acquis grâce à une carte mémorable signée à Mossel Bay, son parcours de jeunesse -, allait une sixième fois terminer 2e d’un Majeur.
Louis Oosthuizen
Le mois dernier, il regardait déjà Phil Mickelson soulever la coupe lors de l’USPGA Championship. Là, un drive trop gourmand cherchant à couper le dogleg au-dessus de la côte escarpée terminait sa course dans les chachis matérialisés par des piquets rouges, un bogey qui coûtait cher même si le Sud’Af allait, dans la foulée, chercher le birdie sur le 18. Trois parties plus tôt, Jon Rahm avait réalisé deux putts d’anthologie sur ces trous, la bronca et l’énergie lâchée par le joueur avaient réveillé toute la Californie, l’adrénaline laissant place à un peu de testostérone sur les greens !
L’Espagnol surnommé « Rahmbo » en raison de son physique solide et de son empathie pour le personnage de Sylvester Stallone, n’avait plus qu’à attendre le dénouement au club-house, assistant devant l’écran aux malheurs de Louis Oosthuizen, de Brooks Koepka qui concédait, lui aussi, deux bogeys sur les trois derniers trous, ou encore de Rory McIlroy qui lâchait trop de coups sur le retour.
Treize ans plus tôt sur le 18 de Torrey Pines, Tiger Woods avait enfilé une ficelle longue comme le jour pour partir en play-off face à Rocco Mediate – à l’époque il se jouait encore le lundi sur 18 trous minimum -, Jon Rahm n’aura pas eu besoin de vivre ce supplice pour décrocher son premier Majeur, pour devenir le premier Espagnol vainqueur de l’open américain. « Cela aurait dû revenir à Seve. Dans les années 80, il avait à cœur de soulever ce trophée… Je suis fier de l’avoir en main aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de penser à lui ! » Devant ses parents venus du Pays basque, devant Kelley et Kepa dans les bras de sa maman, Jon Rahm avait toutes les raisons d’être heureux, il entrait dans l’Histoire du Golf !

Si les greens et les roughs du South course ont fait des misères à pas mal de joueurs en ce dimanche, deux jours plus tôt les deux Français engagés dans l’épreuve y avaient eux aussi perdu leur latin. Deux cartes de +4 pour Victor Perez tandis que Paul Barjon, qualifié grâce à sa victoire début mai en Alabama sur le Korn Ferry Tour (2e div. américaine), décrochait le vendredi sur les 9 du retour, concédant cinq bogeys et un double.
Prochain rendez-vous majeur, The Open disputé mi-juillet au Royal St Georges, près de Sandwich, en face du Touquet. Là, l’Irlandais Shane Lowry défendra son titre remporté en 2019, le Covid ayant eu raison de l’Open britannique 2020 ! On devrait y retrouver quelques joueurs français, à commencer par Perez et Rozner, peut-être plus à l’aise sur les links anglais que sur les targets américains… A voir !
US Open 2021, Torrey Pines South course, par 71
1 | Rahm J. | Esp | 69+70+72+67=278 | -6 |
2 | Oosthuizen L. | SAf | 67+71+70+71=279 | -5 |
3 | English H. | USA | 72+70+71+68=281 | -3 |
4 | Koepka B. | USA | 69+73+71+69=282 | -2 |
| Morikawa C | USA | 75+67+70+70=282 | -2 |
| Migliozzi G. | Ita | 71+70+73+68=282 | -2 |
104 | Pérez V. | Fra | 75+75=150 | MC |
116 | Barjon P. | Fra | 73+78=151 | MC |