Le sourire de Collin Morikawa fait plaisir à voir… A 24 ans, ce jeune Américain d’origine japonaise vient de remporter The Open lors de sa première participation. Déjà vainqueur de l’USPGA Champ’ en 2020, il s’installe parmi l’élite mondiale, sans doute pour un moment ! Dans le camp français, Hébert termine 33e, Rozner 59e tandis que Pérez, Lorenzo-Vera et Langasque avaient raté le cut.
Par Claude Granveaud-Vallat, photos DR.
L’an dernier, certains prétextaient la crise sanitaire et l’absence de public à Harding Park, près de San Francisco, pour justifier la victoire de Collin Morikawa lors de l’USPGA Championship, lors de sa 1re participation à ce Majeur. Cette année, pour sa première venue en Europe, le Californien d’origine japonaise a gravé son nom sur la Claret Jug… Qui viendra prétexter l’absence de vent dans le Kent, le soleil dans le sud de l’Angleterre, pour minimiser l’exploit de ce jeune champion, le sourire accroché aux lèvres ? Et que l’on ne vienne pas nous parler de la « chance du débutant » car Collin Morikawa ne doit son succès qu’à lui-même ! Après trois saisons sur le PGA Tour et de belles années en université, il a acquis suffisamment d’expérience pour magnifier son talent à sa juste valeur. Les seules adaptations qu’il a faites viennent de son sac où, après un Open d’Écosse pitoyable, Collin a changé ses fers 7, 8 et 9 pour avoir un peu plus de hauteur de balle et de puissance à l’approche des greens. Il a également alourdi sa tête de putter de 10 grammes, les greens du Royal St George’s étant, au feeling des pros, un peu lents… Des petits détails abstraits pour la plupart des amateurs mais qui lui ont bien réussi puisqu’à l’arrivée, la victoire allait lui sourire.

Durant trois jours, le Sud-Africain Louis Oosthuizen a dominé les débats de sa science des links. Il avait déjà remporté The Open en 2010 à St Andrews. Mais dimanche, en dernière partie, Oostie a quelque peu déjoué, ratant les fairways, les greens à plusieurs reprises. Ses bogeys sur l’aller ont semé le doute dans son esprit, lui qui avait déjà dû s’incliner cette année dans l’ombre de Phil Mickelson lors de l’USPGA, puis derrière Jon Rahm à l’US Open. Même s’il ne laissait rien paraître derrière sa barbe, ça devait cogiter dans la boite… Il y avait du beau monde dans les dernières parties, des joueurs ayant déjà soulevé au moins une fois un trophée majeur, Morikawa, Spieth, Oosthuizen, Rahm, Koepka, Johnson… des gars solides devant les greens torturés du Royal St George’s qui profitaient d’un bel été sur le sud de l’Angleterre après que la pluie se soit éloignée vers le continent avec les dégâts que l’on connaît.
Dans ces conditions, Collin Morikawa, passé pro en 2019, a déroulé son jeu comme au cours des jours précédents, en limitant les bogeys sur un terrain qui pousse pourtant tout le temps à la faute. Et ce jusqu’à enquiller son dernier putt, celui qui le libérait tandis que la foule exultait, ravie de voir ce jeune garçon au physique classique s’imposer avec brio. Cette victoire engendrait une pluie de records plus ou moins anecdotiques. Il bat l’ancien record de « -13 » établi en 1993 par Greg Norman lors de sa victoire sur ce même Royal St George’s. Il est le premier champion à remporter deux Majeurs lors de ses premières participations, il est également – avec Tiger Woods – le seul à avoir deux titres majeurs dans la poche avant ses 25 ans. Il détient le record de bogeys lors d’un Open sur ce parcours, seulement quatre en trois jours, aucun le dimanche ! Il est aussi le plus jeune à avoir remonté au score depuis la victoire de Severiano Ballesteros en 1979… Tous ces chiffres accumulés à côté de son nom ne semblaient guère l’impressionner tandis qu’il répondait aux médias avec une aisance digne d’un vieux roublard des fairways.
« C’est un des meilleurs moments de ma vie. Voir tout ce public, ces fans en liesse, sans doute le meilleur public au monde ! J’ai hâte de revenir jouer The Open, c’est magique… »
Avant même d’avoir prononcé ces éloges, le public britannique avait déjà adopté le garçon, d’abord pour son talent, puis pour son sourire et sa décontraction apparente là où certains ne font pas toujours l’unanimité derrière les cordes.

Dans le camp français, cinq joueurs prenaient le départ cette année, presque un record. Dès le jeudi, Benjamin Hébert pointait aux avant-postes grâce à un joli 66. Malheureusement, le vendredi était plus compliqué et le Briviste passait le cut de justesse, en compagnie d’Antoine Rozner. Pérez, pour un coup, s’arrêtait là – son 4e échec majeur cette saison -, tout comme Lorenzo-Vera et Langasque qui n’avaient pas su dompter les pièges de ce tracé. Le samedi, Antoine Rozner revenait bien, pouvant même espérer finir dans un top 20 ou mieux. Mais son aller dominical plombait ses ambitions, avec quatre bogeys et un double sur le 9, il reculait loin au classement. Dans le même temps, Benjamin Hébert signait trois birdies sur une carte vierge de tout bogey pour finir sur une bonne note et une 33e place partagée, entre autres, avec Bryson DeChambeau et Tommy Fleetwood.
Pour les joueurs français dans leur ensemble, la saison est encore longue. Rozner et Langasque sont déjà partis vers Tokyo et les JO, certains pensent à la Ryder Cup – Victor Pérez est sorti de la qualification automatique -, d’autres à sauver leur carte, plein de bonnes raisons pour rester concentrés dans les semaines à venir…
The Open 2021, Royal St George’s, par 70
1 | Morikawa C. | USA | 67+64+68+66=265 | -15 |
2 | Spieth J. | USA | 65+67+69+66=267 | -13 |
3 | Oosthuizen L. | SAf | 64+65+69+71=269 | -11 |
| Rahm J. | Esp | 71+64+68+66=269 | -11 |
5 | Fritelli D. | SAf | 66+67+70+68=271 | -9 |
6 | Koepka B. | USA | 69+66+72+65=272 | -8 |
| Hughes M. | Can | 66+69+68+69=272 | -8 |
Les Français
33 | Hébert B. | Fra | 66+74+71+67=278 | -2 |
59 | Rozner A. | Fra | 70+71+67+74=282 | +2 |
78 | Pérez V. | Fra | 70+72=142 | MC |
115 | Lorenzo-Vera M. | Fra | 75+69=144 | MC |
136 | Langasque R. | Fra | 74+73=147 | MC |