Noir comme la lave de la plus grande île des Canaries, vert comme l’herbe des golfs qui poussent à vue d’œil et bleu comme le ciel où le soleil brille onze mois par an ! Avec six parcours le long de la côte du sud à l’ouest de l’île, l’offre est exceptionnelle même si le vent décoiffe. Le dépaysement est garanti sous l’œil vigilant du Teide, le volcan de Tenerife qui fait la sieste depuis un siècle.
Textes et photos : Claude Granveaud-Vallat
A trois cents kilomètres au large des côtes sud marocaines, Tenerife, la plus grande île des Canaries, propose une diversité de paysages étonnante. Des plages alternant les sables blanc et noir, aux forêts de pins et de cactus montant vers le Teide, ce volcan pointant à 3718 mètres là où seuls les cailloux poussent – et encore… ! -, aux palmeraies et bananeraies qui font la richesse de l’agriculture insulaire, la variété est de tous les instants. Si le volcan n’a plus toussé depuis 1909, les vulcanologues sont unanimes pour admettre qu’il peut se réveiller à tout instant. La côte Sud, abritée des rafales de l’Atlantique, est très urbanisée là où la gentillesse des autochtones est appréciable en débarquant du continent même si la forte densité d’Anglo-Saxons nuit un peu à l’authenticité des lieux.
Abama Golf & Spa Resort
Face à La Gomera…
Le plus connu des golfs de l’île, grâce à l’imposante architecture de style mauresque de son hôtel dominant l’Océan, Abama offre un parcours très agréable, à jouer en voiturette (comprise dans le green-fee) tant les dénivelés sont imposants. Si le Chilien Melvin Villarroel a débordé d’imagination pour bâtir cette masse ocre de 476 suites agrémentées de sept piscines et autant de restaurants dont le fameux MB du célèbre chef basque Martin Berasategui, le Gallois Dave Thomas a tenu compte du relief pour dessiner 18 trous étalés sur deux cents mètres de dénivelés au-dessus de l’Océan.

D’allure mauresque, l’hôtel Alabama est idéal pour un séjour Golf.
Il a fait preuve de beaucoup de subtilité pour dompter ces collines arides et très escarpées. Grâce à la plantation de 25000 palmiers et une myriade de cactus, la création d’une vingtaine de pièces d’eau et d’autant de cascades rocailleuses, sans compter les bunkers, le dessin de ce parcours haut de gamme est, neuf ans après son inauguration en avril 2005, très agréable. L’aller monte accroché aux rochers vers les collines bordées de bananiers jusqu’au « Green 315 », celui du 5, appelé ainsi en raison de son altitude dominant l’île voisine de La Gomera, à quelques kilomètres au large. Sur la descente, les mises en jeu sont flatteuses comme sur les pars 5 du 6 et du 10, vastes allées bordées de palmiers bien placés pour juger du vent. La fin du parcours est plus chaotique, souvent jouée en paliers pour limiter les effets de la grimpette. Les grands greens sont assez rapides mais d’une lecture facile tandis que les birdies sautent dans les branches des palmiers plus souvent que sur la carte…
Abama Golf & Spa Resort
18 T, par 72, 6271 mètres.
Architecte : Dave Thomas (PdG) 2005.
www.abamahotelresort.com
Golf Costa Adeje
Slices bananas…
Comment imaginer les bananeraies là où les fairways plongent en escaliers vers la mer ? C’était l’activité agricole de ces champs avant que le fantasque Pepe Gancedo, champion amateur espagnol, ne dessine le parcours de Costa Adeje.

Costa Adeje Golf
Avec l’Océan en vue depuis la quasi totalité des trous, et plus particulièrement sur le par 4 du 4 – un trou en descente où l’on joue entre deux paires de palmiers servant de mire -, les fairways en escaliers respectant la construction des anciennes bananeraies sont une caractéristique de ce dessin. Ces murs de pierres, dangereux pour les voiturettes, sont signalés ce qui n’empêche pas quelques accidents. Avec un vent dominant de sud-ouest, les mises en jeu demandent des drives tendus pour limiter les effets pervers du vent qui pousse les balles vers les roughs de sable noir, aussi graphiques que stressants ! Sur le retour, les trous joués face au vent paraissent sans fin avant que le 18 ne revienne au club-house où la terrasse est très agréable à l’heure des tapas.
Golf Costa Adeje
18 T, par 72, 6203 mètres.
Architecte : Pepe Gancedo (Esp) 2001.
www.golfcostaadeje.com
Golf Las Americas
Aussi maritime qu’urbain
Promoteur visionnaire, Manuel Puig Llivina, a anticipé l’engouement touristique – il y a une quarantaine d’années – pour créer des villes les pieds dans l’eau, le long des côtes espagnoles continentales comme insulaires. Sur les collines dominant Playa de las Americas, une centaine d’hectares a été préservée avant que l’Anglais John Jacobs, le père du Tour européen, n’y pose 18 trous bordés de pièces d’eau et plantés de palmiers au gré d’un relief soutenu. Dans un cadre escarpé, avec quelques grimpettes solides entre le 3 et le 7 avant de plonger depuis le départ du 8, John Jacobs a eu pitié de ses compatriotes, principaux visiteurs de ce parcours, en dessinant un retour plus plat, donnant la priorité à des obstacles d’eau plutôt qu’à la longueur. Les trous 12,13 et 17 méritent une attention particulière entre les palmiers et l’eau où les cygnes blancs et noirs comptent les coups en s’ébrouant bruyamment. Récemment les greens ont été refaits en paspalum, une herbe qui aime la chaleur et supporte l’eau salée des embruns qui mouillent le tracé sous l’effet d’une légère brise de mer…

Las Americas Golf
Golf Las Americas
18 T, par 72, 6051 mètres.
Architecte : John Jacobs (Ang) 1998.
www.golf-tenerife.com
Buenavista Golf
À l’ouest d’Eden !
Le nom de ce parcours parle pour lui… À l’ouest de l’île, Severiano Ballesteros a profité d’une végétation exubérante pour poser son parcours face à la mer. Entre les dragonniers millénaires, les cactus cardonale et les palmiers aux troncs évasés, ce jardin d’Eden où viennent nicher une multitude d’oiseaux migrateurs offre un tracé escarpé.

Buenavista Golf
L’aller tout en souplesse permet de humer le fond de l’air en regardant la mer. Sur le retour, le dessin s’en approche au plus près, avec cinq greens posés sur les roches de lave noire mêlées d’écume blanche. Les trous 10 et 13 plongent littéralement dans l’Océan tandis que les pars 3 du 15 et du 17 profitent d’un vent latéral et d’une vue à couper le souffle dans la violence des rouleaux. Le dog-leg gauche du 16 est de la même trempe avec un deuxième coup tapé au-dessus des vagues pour espérer atterrir sur le green… Ce parcours ayant accueilli à plusieurs reprises le Tenerife Ladies Open a tous les arguments pour séduire l’élite européenne comme les visiteurs plus prompts à sortir l’appareil photo qu’à planter les mâts !
Buenavista Golf
18 T, par 72, 6019 mètres.
Architecte : Severiano Ballesteros (Esp) 2003.
Golf del Sur
Cap au Sud…
Au plus près du nouvel aéroport construit au sud de l’île, le Golf del Sur déploie ses 27 trous sur trois boucles de 9 trous, le Norte, le Sur et le Links qui s’approche un peu plus près du rivage depuis 1987, ce qui en fait le plus ancien club de l’île. Ici aussi, le talentueux Pepe Gancedo a déployé toute son imagination pour poser un peu de verdure sur le sable noir, stigmate des éruptions volcaniques que connut l’île entre les 16e et 19e siècles. Les trois boucles sont radicalement différentes avec un tracé escarpé sur le parcours Nord où les trous sont souvent bordés de ravins, plus large sur le Sud avec des belles vues sur la mer longée de palmiers, et très technique sur le Links où le modelé des greens rappelle les origines écossaises du jeu tandis que les tâches noires sont autant de bunkers disséminés avec une certaine perfidie. En 2005, Manuel Piñero, un champion espagnol des années 80, a rafraîchi le dessin du Nord et du Links pour permettre au club d’accueillir plus d’épreuves de haut niveau.

Golf del Sur
Golf del Sur
27 T, par 72, 6008 mètres.
Architecte : Pepe Gancedo (Esp) 1987.
www.golfdelsur.es
Amarilla Golf
Baigné de soleil…
Tout près du Golf del Sur, sur ce resort combinant le golf aux sports nautiques et équestres, l’alchimie s’est faite entre la mer et le sommet du Teide, majestueux dans les brumes matinales. L’Amarilla Golf, à vocation immobilière, est signé de la main de Donald Steel, un Anglais iconoclaste, journaliste, auteur, architecte, passionné et capable de parler de golf jusqu’à la nuit et plus tard encore… Entre une côte ciselée par les vents et les marées et quelques aménagements bienvenus, Steel a optimisé ce site avec quelques trous – à l’image des deux pars 3 au plus près de l’eau – inoubliables. Sur le 5, c’est la mer ou le green ! Même si le trou ne fait que 110 mètres, quelques balles terminent leur vie ballottées par les marées.

Amarilla Golf
Un peu plus sage, le 12 fait face à la marina San Miguel animée toute l’année. L’idée d’une promenade en mer pour découvrir la côte sous un autre angle est séduisante. De quoi prendre le frais là où la température descend rarement en dessous de 22° en hiver sur ce petit paradis à visiter aux premiers jours du printemps ou après les chaleurs estivales…
Golf Amarilla
18 T, par 72, 6077 mètres.
Architecte : Donald Steel (Ang) 1989.
www.amarillagolf.com