Pour souffler ses 90 bougies, ce qui n’a pas posé de problèmes face au vent de la mer , le golf de Saint-Cast s’est offert des aménagements. Des nouveaux trous, une vue mieux dégagée vers la plage de Pen Guen, un entretien amélioré sur un terrain jouable à l’année, une réfection du practice, une pièce nouvelle au club-house… Des cadeaux d’anniversaire bienvenus pour d’entamer une nouvelle vie dans les Côtes d’Armor.
Par Claude Granveaud-Vallat
En 1926, les parcours de golf se font rares dans les Côtes d’Armor comme dans toute la Bretagne. Hormis Dinard (l’ancien) et les Sables d’Or inaugurés l’année précédente, c’est le désert même si les stations balnéaires reprennent vie après les années de guerre. Les touristes britanniques qui profitaient de la plage de Pen Guen comme des somptueuses villas dominant la côte firent appel à un des leurs, un certain Edgar Green (ça ne s’invente pas !), pour imaginer un parcours entre les cyprès Lambert et le Celtic Hotel qui faisait le plein de ses deux cents chambres dès les beaux jours. L’hôtel fit aussi office de club-house jusqu’à la guerre, une période qui laissa quelques stigmates et cicatrices sur le parcours qui fut abandonné jusqu’en 1959.
Quinze ans après les années noires, il était temps à l’aube des Trente Glorieuses de relancer le golf. Neuf trous là où il y en avait 18 au préalable furent redessinés en retrait de la plage et des vents violents qui peuvent avoir une certaine incidence sur le jeu. Le club allait vivre ainsi jusqu’en 1995, une époque où le développement du golf à travers l’Hexagone obligeait les « vieilles structures » à réagir. Il fut alors décider d’investir le plateau dominant le parcours historique. Une prairie au-dessus de la baie allait voir s’éloigner les vaches au profit des drapeaux. Mais un paysan réfractaire refusant de céder quelques arpents venait contrarier le dessin et le jeu ! Il fallait être vigilant à plusieurs reprises entre les piquets blancs et le vent pour garder la balle sur la piste. Dès la mise en jeu du 5, un par 5 joué à l’aveugle, en dévers, avec un hors-limites, sortir le driver relevait d’une insouciance puérile. Plus loin, on manquait d’aise pour se lâcher et la vue vers la mer (un panorama majestueux) était masquée par un rideau d’arbres sans intérêt. A l’attaque du 13, le jeu retrouvait enfin le bord de mer et sa végétation typique du littoral Atlantique sur un sol sablonneux, toujours sec et souple sous les attaques de lames. A l’aube de fêter les 90 ans du club, le petit champ fut enfin acquis, une aubaine pour remodeler les trous du haut, couper les arbres qui gâchaient la vue vers l’Océan, dessiner un nouveau green pour accueillir le trou n°9 et un fairway pour créer un nouveau 10.
Ces travaux allaient être coordonnés par Philippe Lefeuvre, le nouveau directeur de Saint-Cast arrivé de Saint-Malo Le Tronchet. Très bon joueur et passionné d’architecture de golf, il a rendu une belle copie tout en créant un bassin de rétention d’eau et une station de pompage sur le haut du terrain, là où la pression manquait souvent pour arroser l’été les greens séchés par le soleil et le vent. Face à l’archipel des Ébihens, le nouveau green du 9 a belle allure, légèrement décalé à droite de l’ancien et posé sur l’écume de mer. Le fairway du 5 est désormais abordable au drive, là où un hectare d’arbres a été défriché vers un fairway incurvé sur la gauche et un green prenable de deux pour les costauds. La mise en jeu du 6 n’est plus hors-limites sur sa droite et le 7 a été porté en par 4, joué souvent vent de face. Face à l’abattage raisonné, plus de 200 jeunes plantations ont été mises en terre sur la partie haute pour mieux délimiter les trous et visualiser le jeu. La partie historique n’a pas été oubliée. La plupart des départs a été aplanie, stabilisée. Les greens ont été agrandis là où d’anciens jardiniers raccourcissaient la tonte pour gagner du temps.
Le practice a aussi profité de cet élan rénovateur avec la création d’une zone de petit jeu sur herbe synthétique.
Le pro Éric Dupuy ne se lasse pas de son nouveau terrain de jeu, lui qui apprécie de faire rouler la balle à l’anglaise. Au sein d’un club-house dominant le parcours et la mer, le pro-shop et l’accueil ont désormais leur pièce plus fonctionnelle tandis que les tables du 19e Trou font toujours face à la baie.
Des travaux importants pour ce club où tous les membres sont actionnaires. Un beau cadeau d’anniversaire en attendant le centenaire dans les lumières chaud
es d’un coucher de soleil sur la baie tandis que les ombres des cyprès s’étirent au plus long.
Comme dit le président Pascal Soland avec pragmatisme et son sens des réalités : « Nous avons un potentiel, une vue exceptionnelle, un parcours jouable à l’année. A nous de le faire savoir, à nous de le vendre… ».
Espérons que les évolutions de la politique européenne britannique ne viennent pas contrarier l’enthousiasme des sujets de Sa Majesté qui remontent vers le club-house, la mine réjouie après avoir enquillé leur dernier putt sur le green du 18…
Informations pratiques
Golf de Saint-Cast
Route du Golf
22380 Saint-Cast-le-Guildo
Tél. : 02 96 41 91 20.
Email : golf.stcast@wanadoo.fr
Site : http://golf-st-cast.com
Architecte : Edgar Green (1926).
18T, 5049 mètres, par 69.
Question de stratégie
Le trou 9, par 4 de 295 mètres (jaunes), par Eric Dupuy, pro de Saint-Cast.
Difficile de choisir un trou sur ce dessin varié où il est essentiel de faire rouler la balle et d’anticiper les effets du vent, du 1 au 18. Mais avec son nouveau green et sa vue dégagée sur l’Océan, le 9 est magnifique et ne manque pas d’intérêt, loin de là ! Plutôt court bien que joué très souvent vent de face, ce trou n’oblige pas à driver. Selon la qualité de la mise en jeu, le deuxième coup oscille entre sandwedge et fer 8, en fonction de la puissance et de la précision des joueurs. Le green légèrement décalé à droite s’attaque par un petit travers et un birdie est envisageable sur un surface plane qui a déjà belle allure. Une fois que les hauts roughs auront poussé, il faudra être un peu plus sûr de soi avant d’oser s’approcher du trou en draw mais il sera toujours temps de « pousser » un fer 4 ou un hybride tranquillement…
Le long de la côte…
D’un côté, Erquy, le Val André, le cap Fréhel, de l’autre Dinard et Saint-Malo… Il y a matière à de belles balades comme à de longues escales le long d’une côte escarpée, battue par vents et marées depuis toujours, cachant de petites criques entre la côte de Penthièvre et la côte d’émeraude. Et que dire des maisons Art Nouveau autour de Dinard, accrochées à la roche dans des prouesses architecturales, délires mégalomaniaques de milliardaires… De pures merveilles aujourd’hui restaurées et souvent transformées en appartements ou en hôtel comme le Castelbrac installé depuis quelques saisons dans les murs de l’ancien aquarium de Dinard… A pied, en vélo, en bateau ou en voiture, cette côte bretonne est un enchantement de tous les instants, de toutes les saisons, même s’il arrive que le soleil puisse se cacher !
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