Rares sont les golfs à faire l’unanimité quant à leur beauté… Le Royal Golf Club de Fagnes est de ceux-là, et cela depuis fort longtemps déjà. Sa version moderne date de 1930 mais le golf est arrivé bien avant à Spa, la célèbre ville d’eau ardennaise. Les Golfystadors devraient s’empresser d’aller jouer cette merveille signée de la main de Tom Simpson.
Par Claude Granveaud-Vallat
A la fin du XIXe siècle, comme toutes les villes d’eau du Vieux Continent, Spa n’échappait pas à la mode d’avoir son golf. Au cœur des Ardennes belges, cette station thermale courue par la bourgeoisie britannique voyait une première ébauche de parcours naître en 1893 à La Sauvetière. Puis en 1908 au Sart, une nouvelle tentative. Au sortir de la guerre, en 1920, Malchamps était choisi mais là encore, des querelles de clochers allaient contrarier les swings. Sa Majesté Léopold II appréciait pourtant de venir taper la balle en forêt. En 1927, un accord, et surtout un terrain, étaient enfin trouvés pour poser le Golf de Fagnes. C’était tout naturellement au Britannique Tom Simpson, très en vogue en Europe à l’époque, que revenait la mission de cette construction.
Au cours de l’été 1930, un match exhibition opposant les Anglais Henry Cotton et Archie Compston à Arnaud Massy et Auguste Boyer fut organisé pour le plus grand plaisir des Spanois. Les Français l’emportèrent 1up au terme de 36 trous. Malgré la défaite, en gentleman, Henry Cotton ne tarissait pas d’éloges à l’égard de ce nouveau parcours. Il le comparait même à Sunningdale, une autre petite merveille, du côté de Londres. Les deux boucles du parcours s’équilibraient, une dans un sens, l’autre à l’envers. Une en clairière, l’autre en forêt. Si Simpson a dû abattre près de 20 000 arbres pour tailler ses fairways, c’est loin d’être morne plaine… Il en demeure des multi-centenaires. La science du golf de Simpson n’a jamais donné la priorité à la longueur, Fagnes demeure court aujourd’hui encore. Par contre, les bunkers bien placés, les doglegs, les greens surélevés et ondulés, les roughs de bruyère, ça il connaissait, le bougre ! Il savait y faire, exprimant son talent dans cet environnement prédestiné. Au cours des années 30, nombre de témoignages de pros venus jouer à Spa vont dans ce sens. Les Français Massy, Boyer, Cavalo, Lafitte, Dallemagne étaient les plus enthousiastes, était-ce dû à la proximité, ou à leurs résultats – Boyer avait remporté l’Open de Belgique 1933 dans ce cadre. Tous considéraient Fagnes comme un des meilleurs parcours d’Europe.
Un compliment toujours d’actualité alors que le club tend vers ses cent ans. A l’image du 13, le plus beau par 5 du royaume… En 2000, lorsque Nicolas Colsaerts a établi le record du parcours avec une carte de 65, lors du championnat national, il a joué ce trou de façon magistrale. Un drive au-dessus des arbres, suivi d’une approche millimétrée et un putt, facile, non ! En signant sa carte, il ajoutait, tout sourire : « Quel tracé… ! ».
Un golf, c’est aussi un club-house, celui de Fagnes, dans le plus pur style Art déco, est l’œuvre d’un Parisien – une exception au cahier des charges -, mais Jean Mauge a remporté un concours d’architectes. Les salons spacieux, la salle à manger lumineuse, le bar agréable… Et la terrasse ! Elle a souvent accueilli la remise des trophées du Grand Prix de Belgique de F1, le circuit de Spa n’est pas loin.
Aujourd’hui si le Royal Golf Club de Fagnes – royal depuis 1955, grâce à Léopold III, fervent golfeur – demeure un club de membres, il est ouvert aux green fees. Son arrivée au sein du Réseau Golfy va dans ce sens, avec l’intention de le faire découvrir au plus grand nombre, il en vaut la peine. Le plaisir, devrais-je dire !
Royal Golf Club de Fagnes
1, av. de l’Hippodrome
4900 Spa
Tél. : +32 (0)87 79 30 30.
Site : www.golfdespa.be
18T, par 72, 5928 m
Création : 1930