Depuis que le golf s’est développé à la fin du XIXe siècle, le décor des parcours a inspiré les auteurs de romans policiers. Intrigues au sein du club et suspense au fil d’une partie sont les ingrédients incontournables que l’on s’appelle Agatha Christie ou James Ellroy. Enquête sur un green tâché de sang…
Par Claude Granveaud-Vallat
Un club de golf n’est rien d’autre qu’une micro société où se joue l’éternelle comédie humaine, qu’il se trouve près de Paris, Londres, Chicago ou Sydney. En partant de cette évidence, il suffit à un auteur de mettre en marche son imagination pour construire son roman policier avec autant de rebondissements que peut en avoir une balle atterrissant au bord d’un green… Tout est dans l’intrigue mais aussi dans le titre ! Certains sont truculents comme Belles de golf et balles blindées de Robert Martin, Fer de lance de Rex Stout ou encore Les voyages de Nick Polo de Jerry Kennealy, faisant allusion à un champion anglais… La sociabilité du monde du golf avec sa population aisée, ses allures bourgeoises et codifiées, ses jolies femmes envieuses et souvent enviées, n’a pas attendu le XXIe siècle pour inspirer les plus fines plumes du polar. Un atout essentiel au suspense de notre théâtre de verdure : les limites d’un terrain de golf… Au bas mot, une cinquantaine d’hectares parsemés d’arbres, bosquets, maisonnettes susceptibles de cacher tous les indices du crime parfait, là où un terrain de foot n’affiche que la géométrie de ses lignes blanches et des tribunes d’où les spectateurs pourraient tous être les témoins d’un homicide. Alors laissons l’enquête avancer en analysant les tâches de sang retrouvées sur le drapeau du 15 tandis que le caddie d’un des meilleurs joueurs du club gisait inanimé dans un fourré à trois cents mètres de là…

James Hadley Chase a publié Traquenards sous son vrai nom ainsi que son pseudo Raymond Marshall… pour tromper les pistes!
Que ce soit sous la plume de P.J. Wodehouse dans les années 1920 ou Harlan Coben aujourd’hui, le talent de l’auteur doit nous emmener jusqu’à la dernière page, dans un labyrinthe de fausses pistes, avant de découvrir les raisons comme l’auteur du crime. Parmi les écrivains américains, certains maîtrisent assez bien le milieu du golf. James Ellroy est de ceux là et son roman Brown’s Requiem se déroulant dans le monde des caddies et des bas-fonds de Los Angeles est une pure merveille. Également initié aux joies des alvéoles, Hervé Claude, ancien présentateur du JT de 20 heures, s’est essayé à cette figure dans le milieu gay australien où golfeurs et gens de média se mélangent… dans Requins et coquins. Si le contexte est original, le suspense y demeure entier et le crime en est toujours la clé. Dans un style bien à lui, Michel Brice, au travers de la collection Brigade mondaine, a su mélanger le golf à l’érotisme de ses enquêtes à deux reprises.

Depuis que le golf s’est développé à la fin du XIXe siècle, le décor des parcours a inspiré les auteurs de romans policiers.
Dans Golf Party et dans Les veuves noires du golf, un polar où la silhouette de Laura Davies apparaît en filigramme. Si le plus célèbre des polars de golf, Le crime du golf publié en 1932 par Agatha Christie, a pour décor un club du nord de la France, d’autres auteurs ont planté le suspense dans des clubs de l’Hexagone comme Le Mort de Brest les Abers, un ouvrage du Breton Jacques Caouder, L’homme aux doigts bleus de Jean Failler sur la côte Atlantique ou La guerre du golf, de Georges Ottino dont l’histoire se déroule autour du lac Léman cher à son cœur mais l’essentiel de ces ouvrages étant traduit de l’anglais, les environnements nous sont souvent étrangers. De quoi laisser voguer notre imagination au fil des chapitres… en quête du coupable !
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