Quatre victoires sur ses six derniers tournois, une stat à la Tiger… En tête dès le vendredi, Scottie Scheffler n’a pas tremblé, le Texan a assumé son rôle jusqu’à remporter le Masters. Il devance Rory McIlroy, auteur d’une remontée fantastique, de trois coups. Boitant, épuisé par tant d’efforts, Tiger Woods a réussi son pari. Vingt-cinq ans après sa première victoire à Augusta, il séduit toujours le public. Tout ce que l’on aime… !
Par Claude Granveaud-Vallat, photos DR.
Une semaine avant le début des hostilités, les commentaires allaient bon train tandis que Tiger Woods pointait le bout de son nez à l’horizon de Magnolia Lane… Vingt-cinq ans après sa première victoire, allait-il prendre le départ du 86e Masters ? Serait-il capable de marcher, de driver, de putter, ne serait-ce que pendant deux jours ? Passer le cut passait pour un miracle aux yeux des plus pessimistes quant à sa forme physique. Quinze mois après son terrible accident de voiture où sa jambe droite était restée en sursis quelques heures dans les mains des chirurgiens, sans aucune compétition dans les jambes – sans mauvais jeu de mots ! – depuis lors, il fallait un caractère d’acier trempé pour oser relever le défi d’Augusta… Mais n’est-ce pas là le trait dominant de Tiger Woods ? En un quart de siècle, il l’a prouvé plus d’une fois et dans des circonstances des plus variées…

Le jeudi, en compagnie du Sud-Africain Louis Oosthuizen et du Chilien Joaquin Niemann, il s’élançait vers l’inconnu. Quatre heures plus tard, une carte de 71 le plaçait à quelques coups de la tête. De quoi rêver, spéculer… Et si, à 46 ans, il allait chercher une 6e veste verte, tout comme Jack Nicklaus en 1986 ! Le conte de fée s’est estompé dès le lendemain. Des mises en jeu trop courtes, des approches moyennes, des putts ratés… et un 73 à l’arrivée voyaient ses espoirs, ceux de tout le public, s’envoler. Mais il avait franchi le cut, une première victoire même s’il n’y avait pas de raison de sauter de joie. Dans le même temps, de grands champions restaient sur le bord du chemin, des gars comme Padraig Harrington, Jordan Spieth, Brooks Koepka, Xander Schauffele, Francesco Molinari, Bryson DeChambeau, et bien d’autres encore. Tiger avait réussi son pari en serrant les dents. Les douleurs ont eu raison de ses scores du week-end, deux cartes de 78 ponctuées de belles choses et d’erreurs liées à un vent violent.
« Quel plaisir d’être là, de profiter de la clameur du public. Cela a dépassé mes espérances de pouvoir jouer quatre tours ici, à Augusta. J’ai souffert depuis un an, j’ai souffert cette semaine, je crois que ça s’est vu ! Mais le golf, c’est comme dans la vie, il faut continuer de travailler pour atteindre ce que l’on souhaite. »
Jamais rassasié, il quittait le parcours en laissant entendre qu’il serait au British Open cet été, en Écosse. Pour les 150 ans de The Open, sur le Old Course de Saint Andrews, pour sûr qu’il serait attendu comme le Messie.
L’homme en forme du moment, l’Américain Scottie Scheffler, pouvait-il résister à la pression sur un parcours encore rallongé, toujours aussi bien préparé, face à un public très bruyant ? Sa carte du vendredi, un superbe 67, pouvait le laisser croire d’autant qu’à ce stade, il affichait une avance confortable sur ses poursuivants. Mais Augusta avait déjà réservé d’énormes surprises, alors…
Alors Scheffler a assumé son rôle de N°1 mondial à la perfection. Fort de ses récentes victoires au Phoenix Open, au Arnorl Palmer Invitational et au WGC – World Match Play, qui l’avaient propulsé sur le toit de l’Olympe, le Texan de 24 ans a maintenu ses adversaires à distance. Ce n’est pas la remontée fantastique de Rory McIlroy, -8 lors du dernier tour (6 birdies et un eagle), qui allait contrarier ses espoirs. Le Nord-Irlandais termine deuxième à trois coups de Scheffler dont le duel avec l’Australien Cameron Smith a tourné court sur le par 3 du 12. Là, une balle dans l’eau coûtait cher à Cameron (triple bogey), l’écart devenait rédhibitoire avant qu’avec un bogey-birdie sur le 14, la messe ne soit définitivement dite… Le double bogey de Scheffler sur le 18 n’allait pas inverser la tendance, il demeurera anecdotique. Même si Scottie a eu les mains fragiles à ce moment, rien ni personne ne pouvait l’empêcher de lever les bras au ciel avant que le Japonais Hedeki Matsuyama, vainqueur l’an dernier, ne l’aide à enfiler la veste verte, consécration d’un début de saison stratosphérique pour Scottie Scheffler.
Une envolée digne du grand Tiger des années 2000… Et si Scheffler était le nouveau champion que le golf attend, là où tant d’autres n’ont brillé que le temps d’une révolution terrestre, loin du firmament céleste… Dire qu’il y a trois mois, « Scheff » n’avait jamais gagné sur le PGA Tour, que peu de monde le connaissait. Aujourd’hui, non seulement il s’est fait un nom mais son prénom, Scottie, sonne bien dans le monde du golf !
Masters 2022, Augusta National, par 72
1 | Scheffler S. | USA | 69+67+71+71=278 | -10 |
2 | McIlroy R. | Nir | 73+73+71+64=281 | -7 |
3 | Smith C | Aus | 68+74+68+73=283 | -5 |
| Lowry S. | Irl | 73+68+73+69=283 | -5 |
5 | Morikawa C. | USA | 73+70+74+67=284 | -4 |
6 | Zalatoris W. | USA | 71+72+75+67=285 | -3 |
| Conners C. | Can | 70+73+72+70=285 | -3 |
8 | Thomas J. | USA | 76+67+72+72=286 | -2 |
8 | Im S. | Kor | 67+74+71+75=286 | -2 |
47 | Woods T. | USA | 71+73+78+78=301 | +13 |