Les golfs de l’Espérance
Autour de Cape Town, du Waterfront animé aux vignobles gorgés de soleil où la douceur de vivre n’est pas qu’une légende, les parcours s’enchaînent dans des cadres magnifiques, souvent magiques… en longeant la côte de l’océan Indien.
Par Claude Granveaud-Vallat
Pearl Valley gorgé de soleil comme le vignoble du Cap.
Une nuit d’avion dans l’A380 depuis Paris, pas de décalage horaire, des saisons inversées avec l’Europe… bienvenue à l’aéroport de Cape Town pour jouer au golf le long de la Garden Route ! Là où les Britanniques ont posé leurs bagages, ils ont planté du thé et implanté leurs jeux, le rugby, le cricket et bien sûr le golf. Ces terres australes n’ont pas fait exception à cette règle même si des colons hollandais, français et portugais ont investi la pointe de l’Afrique dès le XVIIe siècle. Plus ancien parcours du pays, le Royal Cape Golf Club date de 1885. Quasiment dans son jus, il est ouvert aux visiteurs en semaine, à l’image des grands clubs privés européens. Dans la foulée, le Port Elizabeth GC et le Royal Johannesburg GC étaient respectivement inaugurés en 1890 et 1891. Au cours du XXe siècle, toutes les villes même les petites bourgades ont vu leur parcours de golf sortir de terre. Au début des années quatre-vingt, le pays comptait environ 500 parcours mais, dans un contexte politique révolu, le tourisme ne faisait pas recette même si quelques zones protégées comme Sun City ou Wild Coast avaient été imaginées pour masquer la réalité. L’évolution du pays depuis la libération de Nelson Mandela et son arrivée au pouvoir a donné un nouvel élan à l’économie nationale.
Pezula face à la côte déchirée de l’Océan Indien.
La création de nouveaux golfs à vocation immobilière dans des sites aussi prestigieux que Fancourt, Pinnacle Point, Arabella… a offert un nouvel essor au développement du golf sud-africain en même temps que Ernie Els et Retief Goosen posaient leur patte sur quelques trophées prestigieux. Plus tôt, le pays avait applaudi Bobby Locke et Gary Player, ces nouveaux champions allaient devenir les meilleurs ambassadeurs du golf sud-africain à travers le monde avant que les Schwartzel, Oosthuizen, Immelman ne relèvent à leur tour ce défi digne des Springboks, champions du monde de rugby.
Remontons la Garden Route de Cape Town jusqu’à George, le long de la côte de l’océan Indien, la Western Cape province, une région très touristique qui ne manque pas de charme au delà de ses espaces verts !
Dans la chaleur du crépuscule, Atlantic Beach et la Table Mountain.
Face à la Table Mountain
Curiosité géologique, ce plateau dominant toute la baie de Cape Town se voit à perte de vue, un repère sur les nombreux parcours de la région comme Atlantic Beach, une sorte de links serpentant entre les villas, à portée de drive des arpents de vigne de Stellenbosch et de Franschhoek, « le coin des Français » en afrikaans dans le texte, un village pimpant où l’on retrouve le registre des deux cents familles huguenotes débarquées de Nantes sur ces côtes d’un nouveau monde en 1688. Dessiné par Jack Nicklaus, Pearl Valley mérite également la visite. Entre les eucalyptus et les trous bordés d’eau, l’alchimie est réussie sur fond de montagne rocheuse. En longeant la côte vers l’est, le décor devient vite escarpé, la route tourne, monte, descend face à l’immensité des plages jusqu’à Hermanus, charmant port de pêche où les plateaux d’huîtres rivalisent avec les homards accompagnés d’un blanc sec bien frais servi les pieds dans l’eau. Le Marine Hotel est une étape délicieuse pour les fans de Relais & Châteaux. De l’autre côté de la baie, les fairways d’Arabella semblent plonger dans le lagon, dans la tranquillité de ce petit paradis imaginé par Peter Matkovich, l’architecte de golf sud-africain en vogue dans l’océan Indien. L’hôtel, faisant face au putting green, est idéal pour se poser quelques jours en toute sérénité.
Qu’il fait bon vivre à Fancourt !
Une autre escale entre plus près des vagues et remous, l’Oubaai Golf Club mérite lui aussi tout l’intérêt des visiteurs, le long de la Garden Route. Première réalisation dans le pays signée Ernie Els qui aime venir s’y ressourcer, ce resort partagé entre villas et hôtel peut paraître immense mais on y trouve vite ses marques. Il n’en va pas forcément de même club en mains, le tracé du champion est corsé pour peu qu’un vent du large s’invite dans la partie. Mais ce n’est rien à côté des exploits de Gary Player sur les terres voisines de Fancourt. Inauguré en 1990 tout près de George, le resort offre aujourd’hui trois 18 trous tous dessinés par le champion sud-africain et radicalement différents. Outenica, Montagu et The Links, un tracé conçu dans le plus pur esprit écossais d’où les graminées ont été importées. Magique, féerique, démoniaque si on se trompe de repères de jeu, tout simplement magnifique lorsque les swings déliés des champions s’y expriment, mettant alors le tracé à mal. Toujours le long d’une côte déchirée, si vous avez envie de loger là où les Bleus se sont fait remarquer – du côté de Knysna – durant la coupe du Monde 2010, bienvenue à Pezula ! Conçu par l’Américain Ronald Fream, ce dessin flirtant avec les vagues d’un océan agité offre plus de points de vue photographiques que de spots purement golfiques.
Plongeant vers le lagon, le 8 d’Arabella se resserre à l’approche !
Mais pour les souvenirs, le coup d’œil est essentiel,surtout à l’approche du 14 où le green se fond dans l’océan, cerné par un immense bunker, côté terre, et l’écume de mer. Ne rangez pas l’appareil photo et ouvrez vos mirettes ! Comme si nous avions gardé le meilleur pour la fin, du moins le plus spectaculaire avec Pinnacle Point. Un nom qui en dit long… Tout près de Mossel Bay, Peter Matkovich s’est associé au champion nord-irlandais Darren Clarke pour dompter ces landes surplombant l’océan. Avec un club-house posé tel un phare quasiment au-dessus de l’eau, les trous partent et convergent de ce point stratégique comme une étoile de mer, bien sûr !
Il sera temps, une prochaine fois, d’évoquer les parcours en terre, plus proches des réserves animalières du Kruger ou du Limpopo et du Pilanesberg. D’ici là, bon voyage…
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