Depuis plus de quarante ans, en retrait la Côte de Beauté, le golf de Royan s’épanouit dans la forêt de la Coubre. Entre les pins maritimes et les chênes verts, le dessin de Robert Berthet ourle ses fairways au gré des dunes. A l’horizon du départ du 14, la silhouette du phare de Cordouan figure l’emblème d’un club où le jeu est aussi ludique que sportif, où la table régale bien au-delà des golfeurs, où il fait bon vivre…
Par Claude Granveaud-Vallat
Le long de la Côte de Beauté, on jouait déjà au golf en 1925 au château de Taupignac, non loin de Royan. L’illustre Harry Colt créait là les 18 trous du Country Club de Saintonge avant que les affres de la guerre et les tonnes de bombes larguées sur la « poche de Royan » ne réduisent à néant ce parcours charentais, tout comme la ville côtière entièrement détruite lors de la « fâcheuse erreur » de janvier 1945…

Entre les pins maritimes et les chênes verts, le dessin de Robert Berthet ourle ses fairways au gré des dunes
En 1977, au terme des péripéties administratives d’un projet porté par la ville, le golf de Royan voyait enfin le jour à Saint-Palais-sur-Mer, sur 80 hectares de pinède dans la forêt de la Coubre qui court jusqu’aux parcs ostréicoles de Marennes. En retrait des plages, le dessin de Robert Berthet conçu en deux étapes – finalisé en 1987 – repose sur le sable dunaire, rendant le terrain perméable et praticable en toute saison.
Dans la pinède, les fairways sont clairement distingués, séparés par les futaies là où les vallons naturels perturbent les perspectives de jeu. Montées, descentes, greens perchés, fairways bosselés et ourlés offrant de jolis dévers, sous-bois de fougères, Robert Berthet a dû composer sur un site iodé par les embruns de l’Océan. Ronronnant, on l’entend mais il faut attendre le départ du 14 pour apercevoir la mer dominée par le phare de Cordouan posé sur un banc de sable, un édifice du XVIe siècle construit au bout de l’estuaire de la Gironde pour en signaler les passes.

Des greens considérés comme excellents à travers toute la Nouvelle-Aquitaine
Entre les pins maritimes et les chênes verts, quelques doglegs demandent des mises en jeu précises pour éviter de s’approcher trop près des fougères, comme au 6 et au 9 et plus particulièrement sur le 13, un par 5 en Z avec deux virages prononcés qui peuvent vite coûter cher. Depuis quelques années, sous l’égide de Pascal Vignand, son directeur, un vaste programme de travaux et d’embellissement a été entrepris sur le parcours. Les départs ont été aplanis, agrandis, le système d’arrosage modernisé, il utilise les eaux usées et recyclées de la station balnéaire dont la population décuple avec les beaux jours. Les chemins ont aussi été refaits, permettant de palier l’engouement pour les voiturettes appréciées des seniors face aux vallons charentais.

De bonne qualité dès la création du parcours, les greens n’ont fait que s’améliorer avec le temps
De bonne qualité dès la création du parcours, les greens n’ont fait que s’améliorer avec le temps et grâce aux soins attentifs de Christophe et son équipe de jardiniers. Des greens considérés comme excellents à travers toute la Nouvelle-Aquitaine qui n’attendent pas l’été pour être rapides, ceux de l’aller – les plus anciens – sont plutôt petits mais les pentes donnent du volume sur ceux du retour. Plutôt décorative, la pièce d’eau face à la terrasse du club-house – qui a doublé sa superficie pour fêter les quarante ans du club – est bien en jeu sur l’approche du 18 avec les risques habituels et les commentaires qui vont de pair, un verre à la main, en surplomb de cet ultime green…
Appréciée en toute saison, la table de Pascal Moreau formé chez Hédiard – élue en 2015 parmi les meilleures tables de golf en France – mériterait, à l’image du parcours, de briller au firmament des guides gastronomiques.

Le Club House qui a doublé sa superficie pour fêter les 40 ans du club
Si le chef qui régale les golfeurs depuis une vingtaine d’années n’est pas un grand bavard, ses assiettes parlent à sa place, nous racontant les recettes du terroir charentais mêlant les saveurs de la mer à celles de la terre. Les mets n’attendent pas d’être dégustés pour nous ébahir, l’élégance des assiettes fait jubiler avant de voir les langoustines, le magret au miel, le filet de veau aux morilles, la poire pochée… fondre sous la langue ! Et tout ça à des prix très raisonnables, sauf le mercredi – jour de repos hors juillet-août. Dans ce club qui fêtera en 2019 ses vingt ans de fidélité à Golfy, Pascal Vignand qui a également beaucoup œuvré pour amener les autres clubs charentais dans le giron du réseau, est fier d’avoir doubler son nombre de membres et porter ses green-fees à 15000 par an en moins de cinq ans. Tous les efforts apportés au parcours sont pour une bonne part responsables de cette belle progression même si en été, il peut être difficile de caler un départ autour de 10 heures ! La rançon de la gloire…
Informations pratiques
Golf de Royan
Maine Gaudin
7, avenue de la Palmyre
17420 Saint-Palais-sur-Mer
Tél. : 05 46 23 16 24.
Site : www.golfderoyan.com
Architecte : Robert Berthet (1977).
Cordouan, 6005 mètres, par 72.
Question de stratégie
Le trou 14, par 3 de 158 mètres (jaunes), par Gilles Delavallade, pro de Royan.

Le phare de Cordouan
Souvent considéré comme la signature du parcours, le seul trou d’où, des départs arrière, on aperçoit l’Océan et – repère de jeu – le « Versailles de la mer », le phare de Cordouan construit au début du XVIIe siècle, ce par 3 en plongée vers un green 50 mètres en contrebas des départs arrière demande beaucoup de précision. Entre le vent, la compensation du dénivelé et des abords de green très pentus, peu de place à l’erreur même avec un petit fer en mains. Trop long, c’est mort, à gauche, c’est la plage, à droite, c’est souvent balle perdue ! Heureusement le green n’est ni trop pentu, ni trop rapide. Alors pourquoi pas un birdie tandis que les mouettes virevoltent au-dessus de la pinède…
Entre claires et béton fin…
Vue du ciel, la forêt de la Coubre, hôte du golf de Royan, se mêle au bassin ostréicole de Marennes, au nord-ouest de La Tremblade.Là où, au gré des marées, la Seudre, petit fleuve charentais, remplit de ses eaux saumâtres les claires, ces marais riches en limons où les huîtres grandissent, grossissent et se reproduisent pour le plus grand bonheur des amateurs. Le long de la Côte de Beauté, face aux plages de sable fin découvertes à marée basse, quelques belles villas Belle Époque ont survécu aux bombardements de la Seconde guerre mondiale mais aujourd’hui la plupart des maisons de vacances affichent le style minimaliste inspiré du Bauhaus comme par Le Corbusier.

Les villas Belle Epoque
Construites dans les années 50, colorées, lumineuses, généreuses, elles représentent l’insouciance des « Trente glorieuses ». Dans Royan, plus de soixante ans plus tard, ces maisons, ces immeubles, ces quartiers sont protégés, visités comme Notre-Dame de Royan, l’église surnommée « Notre-Dame du béton » – on comprend pourquoi ! – ou encore le marché central au toit de béton fin ressemblant à un coquillage. Ou encore le Casino où les tapis verts sont les bienvenus pour oublier les misères vécues sur les greens ! Aujourd’hui Royan est un musée vivant du style architectural des années 50. Ses plages comme celle de la Grande Conche avec ses tentes de toile bleu et blanc, celle de Pontaillac, spot des surfeurs, celles de Foncillon ou du Pigeonnier plus discrètes, auront toutes les chances de vous séduire. Tout comme les fruits de mer qui ravissent les étals des écaillers comme ceux des plus belles tables étoilées à travers l’hexagone.