Ouvert en 1997, le golf de Haute-Auvergne aurait dû voir le jour plus tôt mais des tracasseries régionales en ont retardé la naissance. Face à la chaîne des puys, ce dessin de Lucien Roux a de l’allure, au gré des vallons forestiers du Cantal. Dans cette affaire de famille où la troisième génération vient d’entrer en piste avec toujours le même enthousiasme, la même volonté de mettre la qualité en avant sur le terrain, la passion est un dénominateur commun.
Par Claude Granveaud-Vallat.
Si le golf de Haute-Auvergne est officiellement ouvert depuis 1997, le parcours est né sept ans plus tôt sans pour autant accueillir les joueurs… Sept longues années passées à discuter, à référer, à vivre les querelles de clochers dignes de Clochemerle et autres tracasseries administratives qui ont empêché Marcel Matière, le propriétaire – un industriel impliqué dans les travaux publics -, de commercialiser son parcours en toute quiétude. Près de vingt ans plus tard, le temps a permis d’estomper les contrariétés tandis que le parcours qui n’avait cessé d’être entretenu durant ces longues années de disette n’en est que plus beau face à la ligne de crêtes arrondies, les volcans endormis du Puy Mary, du Puy du Sancy ou du Plomb du Cantal, les fiertés de toute l’Auvergne.

Au cœur d’une forêt de chênes et de pins sur les 105 hectares du domaine, le dessin de Lucien Roux – le père du golf des Volcans venu en voisin depuis Clermont-Ferrand et qui nous a quittés récemment – serpente entre les dénivelés de ces vallons, au sud d’Aurillac.
Au gré des pentes, les fairways sont bien définis entre les bosquets et quelques pièces d’eau discrètes où se pressent les chevreuils en fin de journée. Le dessin alterne dans un bon équilibre des trous longs avec quelques pars 4 plus subtils tant à l’aller que sur le retour.
Sur le 5 dont le green domine la vallée et la silhouette des puys à l’horizon, il est intéressant d’avoir de la longueur pour négocier ce par 5 incurvé vers la gauche. Sur d’autres trous comme le dogleg du 2, il est préférable de se retenir si on n’est pas sûr de ses mises en jeu. Les sous-bois arrivent trop vite pour être innocents. Les pars 3 sont solides, joués en descente, en montée, en dévers, au-dessus de l’eau… offrant une variété de coups. Sur le 7, une balle embarquée sur la gauche du green peut prendre la pente vers le départ suivant, l’approche se complique vite tandis qu’à droite du trou les arbres poussent à s’en éloigner. L’idéal serait une balle en fade mais la réalité n’est pas toujours aussi simple. L’attaque du retour est très serrée entre les arbres, là encore le choix des armes est important. Au départ du 12, la mare en contrebas des boules peut impressionner, elle sert avant tout de réserve d’eau pour le terrain où Arnaud Bousquet a pris la main en septembre 2015 en tant que greenkeeper. Présent sur le site depuis quelques années, il connaissait déjà bien les problématiques liées au sous-sol auvergnat et s’est empressé de lancer des travaux de drainage sur les fairways et bords de green au cours de l’hiver, tout comme de reprendre les bunkers du 3 et du 5 qui avaient tendance à raviner et s’écrouler à chaque forte pluie. Assez vallonnée, la fin du parcours peut s’avérer fatigante à partir de la remontée du 13, un par 3 offrant la symétrie avec le 16 joué en plongée. Point d’orgue du terrain, le 14 et son dogleg droite où l’option offensive sur ce par 5 est possible (voir encadré Stratégie) est un très joli trou. Sur le 17, on a tendance à vouloir raccourcir la donne en coupant au cordeau le dogleg gauche en montée. A trop vouloir jouer les bordures, on peut s’enfermer sans aucune ouverture vers le green…

Dernier effort, la remontée du 18 avec son départ surélevé avant la délivrance d’une belle journée de golf passée dans un site magnifique qui ne cesse de s’améliorer tandis que la politique mise en place par le club tend à fidéliser les jeunes joueurs en leur proposant des cotisations sur mesure jusqu’à 40 ans.
Une volonté de dynamiser un club familial où après Marcel, le fondateur, et Philippe, le président, Nicolas Matière, le petit-fils, s’investit aussi dans l’avenir du golf. Une dynamique qui passe par des offres alléchantes envers les nouveaux membres et les débutants pris en charge par Benjamin Grimal, un jeune pro ayant découvert – lui aussi – le golf à la Haute-Auvergne avant de vouloir transmettre sa passion à d’autres générations tandis que Williams Baudry, derrière ses casquettes de directeur et de pro, se consacre plutôt aux équipes et au haut-niveau. Il a également créé une académie ouverte à tous et basée à la Haute-Auvergne.
L’arrivée du club au sein du Réseau Golfy va dans le même sens, celui de faire découvrir les charmes du Cantal au plus grand nombre. Une salle de fitness a vu le jour dans les structures modulables et même s’il n’est toujours pas question de construire un club-house en dur – les permis de construire se sont perdus à tout jamais dans les montagnes… – pas plus qu’un hôtel sur le site, la rénovation des préfabriqués d’origine – accueil, salon TV et restaurant – n’a pas tardé à être appréciée des joueurs qui se posent volontiers après la partie. En intérieur comme en terrasse, à l’ombre des grands chênes, le sourire est toujours de mise à l’heure de prendre un verre. Au pays des limonadiers, on y met la manière !
Informations pratiques
Golf de Haute-Auvergne
2, route du Golf
15130 Sansac-de-Marmiesse
Tél. : 04 71 47 73 75.
Email : contact@golfdehauteauvergne.com
Sur Golf de Haute Auvergne – Golfy.fr
Site : www.golfdehauteauvergne.fr
Architecte : Lucien Roux (1997).
18T, 6208 mètres, par 72.
Question de stratégie
Le trou 14, par 5 de 470 mètres (jaunes), par Williams Baudry, pro de Haute-Auvergne.
Après trois heures de jeu, il est parfois difficile de rester vigilant. C’est pourtant essentiel au départ du 14, un par 5 en dogleg droite où il est envisageable de signer un bon score quel que soit son niveau. Dans un couloir forestier, la mise en jeu doit garder la piste pour atteindre le virage, là où le fairway s’élargit à la chute de drive. Les gros frappeurs peuvent alors survoler avec un hybride ou un long fer une rangée de bunkers vers le green prenable de deux. Mais entre le sable et les hauts roughs, il y a matière à s’enliser… La sagesse serait de mettre un coup de fer précis en 2e coup pour se laisser un petite approche vers un par tout à fait abordable. Le green est d’une lecture simple, sans pente impossible. Une belle opportunité de marquer des points à condition de le jouer à sa main.
En Cantal…
Le long des quais de la Jordanne, les vieux quartiers d’Aurillac méritent qu’on s’y attarde en levant la tête le long des façades du Moyen Âge, époque où les rues étroites défendaient la ville des invasions anglaises. Quelques boutiques comme celle des parapluies Piganiol – rue des Forgerons -, une tradition du Cantal liée au pastoralisme depuis 1884 (parapluie de golf garanti à vie à 95€), ou la maison Couderc – rue Victor Hugo -, distillerie de gentiane établie en 1908, méritent d’être visitées. Sans oublier la charcuterie Paoli qui met en appétit – rue Emile Duclaux – avec les salaisons et les fromages des hauts pâturages. Au mois d’août, le Festival des Arts de la rue débarque en mettant de l’ambiance dans cette ville paisible. A l’image de ses sommets environnants où les balades ne manquent pas. A pied, en vélo, à cheval… et même en ski ou raquettes l’hiver, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.
Infos sur www.cantal-destination.com