Depuis
1989, le golf d’Ableiges s’épanouit au cœur du Vexin, au nord-ouest de Paris.
En pleine campagne, Jean Garaïalde et Jeremy Pern ont dessiné 27 trous,
les Étangs et le Vexin, entre le plateau et la vallée de la Viosne. Le jeu
plonge vers la rivière au 4 et au 12, avant de remonter en douceur
dans une nature généreuse. Fidèle au réseau Golfy, foisonnant de projets,
Ableiges se porte bien entre la région parisienne, la Normandie et la Picardie
voisines…
Par
Claude Granveaud-Vallat
Dès l’époque gallo-romaine, on fait état du site d’Ableiges avec un camp de légionnaires lors de la conquête de Lutèce par Jules César mais la chaussée éponyme – adresse actuelle du golf – daterait du IVe siècle, époque de Julien l’Apostat surnommé le César des Gaules… Au XVIIe siècle, Gilles de Maupéou – contrôleur des finances d’Henri IV – acquiert la seigneurie d’Ableiges avant de la transmettre à son petit-fils Nicolas Fouquet qui n’a guère eu le temps d’en profiter ! Le porc-épic du blason familial a été rehaussé de trois étoiles et de clubs croisés en devenant l’emblème du golf d’Ableiges tandis que Jean Garaïalde – figure emblématique du golf français (le plus beau palmarès tricolore dans sa longévité) – et Jeremy Pern – un architecte britannique installé près de Toulouse depuis plus de trente ans – finalisaient leur création valdoisienne au cours de l’été 1989.
Né de la volonté de plusieurs amis désireux d’avoir leur club pour vivre le golf à leur guise, Ableiges a pris forme sur le site du haras de Montgeroult là où un hippodrome voyait trotter et galoper les chevaux à l’heure des paris. Difficile d’imaginer cette époque pas si lointaine en arpentant aujourd’hui les fairways, les arbres ont poussé, les mouvements de terrain souhaités par le binôme d’architectes ont donné du volume au jeu tandis que les points de vue sur la vallée de la Viosne sont magnifiques lorsque le soleil s’estompe, laissant s’allonger les ombres tandis que la quinzaine de chevreuils profitant de ce cadre privilégié reprend possession du terrain pour s’amuser en liberté.

Nés sur place, ils ne sont guère farouches, habitués à voir déambuler dès les premières lueurs du soleil d’extravagants bipèdes poussant une balle et vociférant dès qu’elle leur résiste ! Entre les roughs de graminées, les bunkers au sable moelleux, les pièces d’eau, les piquets rouges bordant le lit de la Viosne, et des greens aux pentes subtiles, il y a matière à lâcher quelques coups pour qui ne maîtrise pas toujours son swing… Le relief se chargeant pour sa part de fatiguer les mollets avec les conséquences que l’on sait sur la concentration et sur le score…
Après quelques mois de flottement dus à une succession d’événements malheureux, le club et surtout le terrain ont retrouvé une dynamique qui n’aurait jamais dû les quitter. L’arrivée d’Alexandre Ragonnet – venu de Terre Blanche – en tant que super intendant a permis de rattraper les stigmates d’un été « sec » tant sur les greens que sur les fairways et départs ayant également souffert de la chaleur. En place depuis quelques mois, Eliezer Abenaïm à la direction du club et Elie Hirsh à la présidence se sont donnés trois axes de priorité : la remise en état du terrain dont on voit déjà les effets, le développement d’une restauration mieux adaptée à la demande des joueurs et l’expansion de l’école de golf là où la jeune génération se faisait discrète depuis quelques saisons.
L’enseignement auprès des plus jeunes est un élément déterminant de cette volonté d’ouverture vers la jeune classe. Cette politique dynamique va s’accompagner d’une remise à niveau du 9 trous du Vexin, un tracé construit en même temps que les Etangs mais qui avait quelque peu été délaissé ces derniers temps. La réfection des greens est déjà en cours tout comme l’évolution de quelques perspectives de jeu agrémentées de tontes plus sélectives des roughs. Cet atout idéal pour les nouveaux joueurs, les enfants comme tous ceux pour qui le temps presse devrait être optimum aux premiers jours du printemps 2020.
La politique tarifaire mise en place dans ce sens ne devrait pas tarder à séduire au-delà des confins du Val d’Oise, une zone de chalandise dense. Les seniors faisant vivre les golfs en semaine, il faut tenir compte vers leurs attentes. Le tarif des voiturettes devrait être revu à la baisse, le relief incitant à leur usage !
Comme dit Serge Bitan, ancien directeur de 1997 à 2003, revenu apporter son expertise à ses amis : « L’âme d’Ableiges passe par la convivialité entre ses membres… ». Elle passe aussi par le charme de son tracé, un dessin varié alternant des trous larges avec des mises en jeu plus techniques où le danger guette à tout instant, des perspectives agréables entre les grands champs céréaliers et les forêts giboyeuses, à quelques encablures des banlieues urbaines du Val d’Oise bienvenues pour dynamiser le club, là où la concurrence de proximité crée de l’émulation.
L’ambition de l’équipe dirigeante est de retrouver rapidement les 300 membres permettant un bon équilibre du club tout en recréant des équipes sportives tant chez les hommes que côté dames, chez les jeunes comme parmi les seniors à telle fin que « qui s’y frotte s’y pique » comme le sous-entend le porc-épic du blason d’Ableiges ! A plus ou moins longue échéance, un projet d’hôtel – environ 80 chambres – pourrait voir le jour, mais la priorité demeure sur le terrain comme au sein du club, là où le plaisir se vit en toute saison, à toute heure, par toutes et tous, grands comme plus petits, au cœur de ce poumon de verdure.
Informations pratiques
Golf d’Ableiges
Chaussée Jules César
95450 Ableiges
Tél. : 01 30 27 97 00.
Site : www.ableiges-golf.com
Architectes : Jean-Garaïalde & Jeremy Pern (1989).
18T les Etangs : 6138 mètres, par 72.
9T le Vexin : 2137 mètres, par 33.
Question de stratégie
Le trou 14 (hcp 7), par 4 de 281 mètres (jaunes), par Yoann Therry, pro d’Ableiges.
Au plus près de la vallée de la Viosne, ce court par 4 demande de bien connaître et maîtriser ses longueurs pour garder la balle au sec entre le lit de la rivière et la pièce d’eau qui enserrent le fairway jusqu’au green. Selon sa puissance et son adresse, le driver est loin d’être indispensable sur la mise en jeu, l’idéal étant de se retrouver avec 100-120 mètres au 2e coup vers un green cerné de berlinoises à droite et un hors-limites à gauche… Depuis le tee, mieux vaut s’appuyer à droite, à la corde du bassin, au plus loin des piquets blancs du côté gauche. Dans ce cadre très arboré sur l’arrière du green, avec la roselière et les nénuphars sur l’eau, l’approche est aussi « challenging » qu’élégante. Avant d’attaquer la remontée des derniers trous, quitter ce green avec le par est une performance aussi honorable que réjouissante…
A travers le Vexin français…
Au nord-ouest de Paris, le parc naturel régional du Vexin français s’est structuré en 1995 entre le Val d’Oise et les Yvelines mais le patrimoine historique régional date plus souvent du Moyen Âge et de la Renaissance, la Révolution ayant plutôt épargné la région de ses destructions massives.
Château de Leyrit à Auvers-sur-Oise
Depuis Auvers-sur-Oise où Vincent Van Gogh a fini sa vie, on remonte le temps à l’époque des Impressionnistes en arpentant les rues du village comme en visitant le château, la maison du docteur Gachet, l’auberge Ravoux, le musée de l’absinthe… La vieille ville de Pontoise – capitale du Vexin depuis le XIIIe siècle – avec ses ruelles tortueuses nous ramène au Moyen Âge, époque où la rivalité entre les Vexin français et normand était à son paroxysme entre les royaumes de France et d’Angleterre. Aujourd’hui, on peut contempler plus calmement les églises romanes, les fermes fortifiées, les lavoirs, les colombiers, les châteaux comme ceux de La Roche-Guyon, d’Ambleville, de Boury-en-Vexin, de Jambville, et autres trésors d’une architecture vernaculaire des plus riches. Ces promenades ne sont pas dénuées de découvertes gastronomiques agréables, bienvenues pour se restaurer avant comme après la partie !
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