Depuis trente ans, le golf a apporté sa touche de verdure au décor aride de Dubaï. Tandis que les gratte-ciel poussaient toujours plus haut, les parcours gagnaient sur le désert jusqu’à offrir une véritable destination dans ce cadre aussi fou que luxueux.
Par Claude Granveaud-Vallat
Emirates GC – En grignotant le désert
En 1988, lors de l’inauguration de l’Emirates Golf Club, le parcours avait l’air oppressé par le désert. Trente ans plus tard, la multitude de tours autour de la mégalopole émirati fait de l’ombre aux fairways tandis que le sable n’avance plus, bien au contraire !
Aujourd’hui, une station de métro aérien ultra moderne jouxte le club-house inspiré des tentes bédouines d’antan et relie le golf au centre-ville, lieu de toutes les démesures…
Pour assurer la promotion touristique au bord du Creek – un bras de mer entrant en terre -, les émiratis ont usé de tous leurs charmes auprès du Tour européen pour accueillir dès 1989 le Dubai Desert Classic, un tournoi précurseur dans la région. Il n’y a qu’à regarder le palmarès pour comprendre l’enthousiasme des champions pour le dessin de Karl Litten, un Floridien auteur de ce premier golf en herbe au Moyen Orient. Seve Ballesteros, Ernie Els, Colin Montgomerie, José Maria Olazabal, Tiger Woods, Sergio Garcia, Rory McIlroy, Bryson DeChambeau… ont inscrit leur nom sur l’énorme théière d’argent offert chaque année au vainqueur. Que du beau monde ! A moins qu’ils se soient laissés séduire par les paquets de dollars les incitant à venir swinguer dans le golfe Persique ! Néanmoins, tous sont unanimes pour reconnaître la qualité des parcours tant dans leur dessin que dans leur entretien.

Le parcours historique, le Majlis Course – hôte du tournoi -, a connu un petit lifting au cours de l’été 2010. Le système d’irrigation utilisant l’eau de mer désalinisée a été rénové, de nombreux bunkers ont été déplacés tenant compte de la pousse des palmiers, les greens ont été remodelés, assouplis par endroits. Mais la montée en puissance du parcours demeure entre les pièces d’eau stratégiques, les zones désertiques contrastant avec le gazon des fairways sinueux. Et que dire du double green des trous 9 et 18 séparés par l’eau. Un épilogue affichant autant d’exploits que de drames en trente ans de tournoi. Sur le 18, par 5 en dogleg gauche, aller chercher le green en deux au-dessus de l’eau est un réel challenge, un spectacle garanti lors du Desert Classic pour un public fervent qui n’attend pas que le mercure monte pour s’enflammer…
Né en 1996, le Wadi Course – la vallée en arabe – a connu, lui aussi, une petite cure de jouvence en 2005 lorsque le Sheikh a demandé à Sir Nick Faldo d’intervenir en personne pour réveiller ce tracé, dans l’ombre de son aîné. Le travail a été radical, l’Anglais reprenant la dizaine de pièces d’eau salée, raccourcissant des fairways sans fin, coupant les arbres pour recréer cette ambiance désertique régionale. Le dessin est beaucoup plus « target » que sur le Majlis mais la largeur des fairways comme la taille de ses greens le rendent assez tolérant. Plus récemment, le parcours s’est vu offrir un éclairage nocturne, permettant de jouer à la fraîche, un atout fort apprécié même lors des mois d’hiver – les plus frais ! A l’heure où une douzaine de parcours a vu le jour à Dubaï, dans la force de l’âge, l’Emirates Golf Club reste une valeur sûre !

Emirates GC
PO Box 24040
Dubai
Tél. : +971 43 80 22 22.
www.dubaigolf.com
36 T, Majlis par 72, Wadi-Faldo par 73.
Architectes : Karl Litten (1988-1996), Nick Faldo (2005).
Dubai Creek Golf & Yacht Club – Du vent dans la voile
Derrière les immenses voiles de béton stylisées de son club-house, le Dubai Creek Golf & Yacht Club assume les racines marines de l’émirat.
Au bord du Creek, aujourd’hui bordé de tours sans fin rivalisant d’audace architecturale, ces hectares de verdure sont un bonheur pour les joueurs comme pour les privilégiés profitant d’une terrasse donnant sur ces fairways tandis que de vieilles boutres – embarcations traditionnelles – naviguent encore au milieu de ce bras de mer.
Né en 1993, ce parcours d’inspiration floridienne – il est lui aussi dû à Karl Litten – est parsemé de plus de 200 bunkers et de sept pièces d’eau judicieusement placées. Surtout depuis 2005, année où le Danois Thomas Björn – capitaine européen en Ryder Cup à Paris – a revu l’aller, dynamisant le dessin, créant un peu d’espace là où on se sentait confiné. Il a allongé le 6 en créant un départ sur pilotis sur le Creek, modifiant l’axe de jeu avec un drive au-dessus de l’eau, au plus près de la marina et de sa myriade de yachts de luxe. Une réussite spectaculaire même si la facture a été salée… Eau de mer oblige !

Même si quelques trous sont bordés de magnifiques villas, il règne une réelle quiétude sur ce parcours. Entre les palmiers, quelques massifs d’épineux, sur un fairway souple, moelleux, il est confortable d’essayer d’attaquer les approches comme les pros ! Celle du 13 avec son green en île demande un peu d’assurance, wedge en mains. Tout comme l’enfilade des derniers trous, les 17 et 18 léchés par le Creek sur la gauche des fairways, une pure merveille tandis que le soleil couchant force les ombres, accentuant le modelé des greens tout en dorant le sable des bunkers et du désert.
Dubai Creek Golf & Yacht Club
PO Box 6302
Dubai
Tél. : +971 42 95 60 00.
www.dubaigolf.com
18 T, par 71, 6270 m.
9 T, par 27.
Architectes : Karl Litten (1993), Thomas Björn (2005).
Dubai Hills GC – Burj Khalifa pour mire…
Plus jeune, le Dubai Hills GC est né à l’automne 2018. Un bébé… même si ce club a attendu que le gazon ait pris racine pour ouvrir les portes de son parcours, offrant ainsi une belle patine malgré la jeunesse de ses fairways et greens. Réalisé sous la houlette de European Golf Design – l’entreprise d’architecture du Tour européen – et la baguette de l’Anglais Gary Johnston, ce parcours devrait devenir un club de membres pour les propriétaires des villas de luxe, au bord les fairways.
Une bonne raison d’aller le jouer tant qu’il en est encore temps… Et il en vaut la peine ! Driver en visant la plus haute tour du monde – pour l’instant ! – n’est pas commun. En ligne de mire au départ du par 5 du 5, les 828 mètres de la Burj Khalifa toisant le désert impressionnent tant au drive qu’au 2e coup, qu’au 3e coup avant de se sentir encore oppressé au putting face à ce délire architectural, une fusée de Tintin surdimensionnée et ancrée dans le sable du désert…

Heureusement le tracé ne se résume pas à cette excroissance, prouesse technologique de verre et d’acier. Le parcours recèle des trous intelligents dans trois environnements successifs très variés. D’abord un relief en souplesse sur l’aller, mêlant merlons et bunkers sans fin dans un esprit très britannique transposé sous le soleil du Moyen Orient – une alchimie subtile -, puis un retour d’allure plus moderne jouant sur les éléments naturels, le sable semé de quelques massifs de graminées ça et là tandis que les quatre trous finaux – les enchaînements 8-9 et 17-18 – sont résolument target à l’américaine avec plus d’eau que de gazon même s’il reste encore un peu de place pour poser la balle.
En se rapprochant du club-house, à l’aller comme au retour, il y a danger pour la carte de scores. Mieux vaut connaître les greens et les attaquer dans le bon sens pour les maîtriser, surtout sur les pars 3 qui sont tous longs et délicats. Ce parcours appartient au groupe Jumeirah déjà impliqué sur Jumeirah Golf Estate – un site urbanisé à l’ouest de la ville -, un parcours hôte du Tour Championship – tournoi de clôture de la saison européenne.
Dubai Hills Golf Club
Dubal Hills Estate
Dubai
Tél. : +971 43 62 75 55.
www.dubalhillsgolfclub.com
18 T, par 72, 6204 m.
Architecte : Gary Johnston (2018).
Quelque soit le choix du parcours parmi la douzaine proposée au sein de Dubaï la frénétique, la féerique, la quiétude sur fond de verdure demeure le dénominateur commun à ces golfs à l’entretien irréprochable, aux tracés léchés, à l’accueil agréable, aux club-houses gigantesques, en accord avec la démesure de l’émirat !